LXXII.
Pseaulme Septantedeuxiesme
Deus judicium tuum regi da
Tes jugements, Dieu veritable,
Baille au Roy pour regner,
Vueilles ta justice equitable
Au filz du Roy donner.
Il tiendra ton peuple en justice,
Chassant iniquité:
A tes paovres sera propice,
Leur gardant equité.
Les peuples verront aux montaignes
La paix croistre, et meurir,
Et par coustaux, et par campaignes,
La justice fleurir.
Ceulx du peuple, estants en destresse,
L’auront pour deffenseur:
Les paovres gardera d’oppresse,
Reboutant l’oppresseur.
Aussi ung chascun, et chascune,
O Roy, t’honnorera,
Sans fin, tant que Soleil, et Lune,
Au monde esclairera.
Il vient comme pluye agreable
Tombant sur prés fauchés,
Et comme rosée amiable
Sur les terroirs sechés:
Luy regnant, fleuriront par voye
Les bons, et gracieux
En longue paix, tant qu’on ne voye
De Lune plus aux cieulx.
De l’une mer large, et profonde
Jusques à l’aultre mer,
D’Euphrates, jusqu’au bout du monde,
Roy se fera nommer.
Ethiopes viendront grand erre
Se cliner devant luy,
Ses hayneux baiseront la terre,
A l’honneur d’icelluy.
Roys d’Isles, et de la mer creuse,
Viendront à luy presents,
Et Roys d’Arabie l’heureuse,
Pour luy faire presents.
Touts aultres Roys viendront, sans doubte,
A luy s’humilier,
Et le vouldra nation toute
Servir, et supplier.
Car delivrance il donra bonne
Au paovre à luy pleurant,
Et au chetif, qui n’a personne,
Qui luy soit secourant.
Aux calamiteux, et pleurables,
Sera doulx, et piteux,
Saulvant les vies miserables
Des paovres souffreteux.
Les gardera de violence,
Et dol pernicieux,
Ayant leur sang, par sa clemence,
Moult cher, et precieux.
Chascun vivra, l’Or Arabicque
A touts departira,
Dont, sans fin, Roy tant magnificque,
Par tout on beneira.
De peu de grains, force blé: somme,
Les espis chascun an
Sur les monts bruyront en l’air, comme
Les arbres de Liban.
Fleurira la tourbe civile
Des bourgeoys, et marchants,
Multipliants dedans la ville,
Comme herbe par les champs.
Sans fin bruyra le Nom, et gloyre
De ce Roy nompareil,
De son renom sera memoyre
Tant qu’y aura Soleil.
Toutes nations, asseurées
Soubz Roy tant valeureux,
S’en yront vantant bienheurées,
Et le diront heureux.
Dieu, le Dieu des Israelites,
Qui sans secours d’aulcun
Faict des merveilles non petites
Soit loué de chascun.
De sa gloyre tresaccomplie
Soit loué le renom,
Soit toute la terre remplie
Du hault loz de son Nom.
Amen.
LXXIII.
– – –
LXXIV.
– – –
LXXV.
– – –
LXXVI.
– – –
LXXVII.
– – –
LXXVIII.
– – –
LXXIX.
Pseaulme Septanteneufviesme
Deus venerunt gentes in haereditatem tuam
Les gens entrés sont en ton heritage,
Ilz ont pollu, Seigneur, par leur oultrage,
Ton Temple sainct, Hierusalem destruicte,
Si qu’en monceaulx de pierres l’ont reduicte.
Ilz ont baillé les corps
De tes serviteurs morts
Aux Corbeaux, pour les paistre:
La chair des bien vivants
Aux animaulx suyvants
Boys, et plaine champestre.
Entour la ville, où fut ce dur esclandre,
Las, on a veu le sang d’iceulx espandre,
Ainsi comme eau’ jectée à l’adventure,
Sans que vivant leur donnast sepulture.
Ceulx, qui noz voysins sont,
En opprobre nous ont,
Nous mocquent, nous despitent:
Ores sommes blasmés,
Et par ceulx diffamés
Qui entour nous habitent.
Helas, Seigneur, jusques à quand sera ce?
Nous tiendra tu pour jamais hors de grâce?
Ton ire ainsi embrasée, ardra elle,
Comme une grand’ flambe perpetuelle?
Tes indignations
Espands sur nations
Qui n’ont ta congnoissance:
Ce mal viendroit appoint
Aux Royaulmes, qui point
N’invocquent ta puissance.
Car ceulx là ont toute presques estaincte
Du bon Jacob la posterité saincte,
Et en desert totallement tournée
La demourance à luy par toy donnée.
Las, ne nous ramentoy
Les vieulx maulx contre toy
Perpetrés à grands sommes:
Haste toy, vienne avant
Ta bonté, nous saulvant,
Car moult affligés sommes.
Assiste nous, nostre Dieu secourable,
Pour l’honneur hault de ton Nom venerable:
Delivre nous, soys piteux, et paisible
En noz pechés, pour ta gloyre indicible.
Qu’on ne die au milieu
Des gens, où est leur Dieu?
Ains punis leurs offenses,
Vueilles de toutes pars
Des tiens le sang espars
Venger, en noz presences.
Des prisonniers le gemissement vienne
Jusques au ciel, en la presence tienne:
Les condamnés, et ceulx qui jà se meurent,
Fays que vivants par ton pouvoir demeurent.
A noz voysins aussi
En leur sein endurcy,
Sept foys vueilles leur rendre
Le blasme, et deshonneur
Que contre toy, Seigneur,
Ont osé entreprendre.
Et nous alors ton vray peuple, et tes hommes,
Et qui trouppeau de ta pasture sommes,
Te chanterons par siecles innombrables,
De filz en filz preschant tes faictz louables.
LXXX.
– – –
LXXXI.
– – –
LXXXII.
– – –
LXXXIII.
– – –
LXXXIV.
– – –
LXXXV.
– – –
LXXXVI.
Pseaulme Octantesixiesme
Inclina Domine aurem tuam, et ex
Mon Dieu, preste moy l’oreille,
Par ta bonté nompareille:
Responds moy, car plus n’en puis,
Tant paovre, et affligé suis.
Garde, je te pry, ma vie,
Car de bien faire ay envie:
Mon Dieu, garde ton servant,
En l’espoir de toy vivant.
Las, de faire te recorde
Faveur, et misericorde
A moy, qui tant humblement
T’invocque journellement.
Et donne liesse à l’âme
Du serf, qui seigneur te clame,
Car mon cueur, ô Dieu des Dieux,
J’esleve à toy jusqu’aux cieulx.
A toy mon cueur se transporte,
Car tu es de bonne sorte,
Et à ceulx pleins de secours,
Qui à toy vont à recours.
Doncques la priere mienne
A tes oreilles parvienne.
Entends, car il est saison,
La voix de mon oraison.
Des qu’angoisse me tourmente,
A toy je crie, et lamente,
Pource qu’à ma triste voix
Tu responds souventesfoys.
Il n’est Dieu à toy semblable,
Ny à toy accomparable,
Ne qui se sceust usiter
A tes oeuvres imiter.
Toute humaine creature,
Qui de toy a prins facture
Viendra te glorifier,
Et ton Nom magnifier.
Car tu es grand à merveilles,
Et fays choses nompareilles:
Aussi as tu l’honneur tel,
D’estre seul Dieu immortel.
Mon Dieu, monstre moy tes voyes,
Affin qu’aller droict me voyes,
Et sur tout, mon cueur non fainct
Puisse craindre ton Nom sainct.
Mon Seigneur Dieu, ta haultesse
Je veulx celebrer sans cesse,
Et ton sainct Nom je pretends
Glorifier en tout temps.
Car tu as à moy indigne
Monstré grand’ bonté benigne,
Tirant ma vie du bort
Du bas Tumbeau de la mort.
Mon Dieu, les pervers m’assaillent,
A grands trouppes sur moy saillent,
Et cherchent à mort me veoir,
Sans à toy regard avoir.
Mais tu es Dieu pitoyable,
Prompt à mercy, et ployable,
Tardif à estre irrité,
Et de grand’ fidelité.
En pitié doncq me regarde,
Baille ta force, et ta garde,
Au foyble serviteur tien,
Et ton esclave soustien.
Quelcque bon signe me donne,
Qui mes ennemys estonne,
Quand verront que toy, Saulveur,
Me presteras ta faveur.
LXXXVII.
– – –
LXXXVIII.
– – –
LXXXIX.
– – –
XC.
– – –
XCI.
Pseaulme Nonante et uniesme
Qui habitat in adjutorio altissimi
Qui en la garde du hault Dieu
Pour jamais se retire,
En umbre bonne, et en fort lieu
Retiré se peult dire.
Concluz doncq en l’entendement,
Dieu est ma garde seure,
Ma haulte tour, et fondement,
Sur lequel je m’asseure:
Car du subtil laqs des chasseurs,
Et de toute l’oultrance
Des pestiferes oppresseurs,
Te donra delivrance.
De ses plumes te couvrira,
Seur seras soubz son aesle,
Sa deffense te servira
De targe, et de rondelle,
Si que de nuict ne craindras point
Chose qui espouvante,
Ne dard ne sagette qui poingt,
De jour en l’air vollante.
N’aulcune peste cheminant
Lors qu’en tenebres sommes,
Ne mal soubdain exterminant
En plein midy les hommes.
Quant à ta dextre il en cherroit
Mille, et mille à senestre,
Leur mal de toy n’approcheroit,
Quelcque mal que puisse estre:
Ains, sans effroy, devant tes yeulx
Tu les verras deffaire,
Regardant les pernicieux
Recevoir leur salaire.
Et tout, pour avoir dict à Dieu,
Tu es la garde mienne,
Et d’avoir mis en si hault lieu
La confiance tienne.
Malheur ne te viendra chercher,
Tien le pour chose vraye,
Et de ta maison approcher
Ne pourra nulle playe.
Car il fera commandement
A ses Anges tresdignes,
De te garder songneusement,
Quelcque part que chemines.
Par leurs mains seras soubzlevé,
Affin que d’adventure
Ton pied ne choppe, et soit grevé
Contre la pierre dure.
Sur Lyonceaux, et sur Aspics,
Sur Lyons pleins de rage,
Et sur Dragons, qui vallent pis,
Marcheras sans dommage.
Car voicy, que Dieu dict de toy
D’ardante amour m’honnore:
Garder, et secourir le doy,
Car mon Nom il adore.
S’il m’invocque, l’exaulceray:
Aussi pour le deffendre
En mal temps avecq luy seray:
A son bien veulx entendre,
Et faire de ses ans le cours
Tout à son desir croistre:
En effect, quel est mon secours
Je luy feray congnoistre.
XCII.
– – –
XCIII.
– – –
XCIV.
– – –
XCV.
– – –
XCVI.
– – –
XCVII.
– – –
XCVIII.
– – –
XCIX.
– – –
C.
– – –
CI.
Pseaulme Cent et uniesme
Misericordiam, et judicium cantabo
Vouloir m’est prins de mectre en escripture
Psalme, parlant de bonté, et droicture,
Et si le veulx à toy, mon Dieu, chanter,
Et presenter.
Tenir je veulx la voye non nuysible,
Quand viendras tu me rendre Roy paisible?
D’ung cueur tout pur conduiray ma maison,
Avecq raison.
Rien de maulvais y veoir n’auray envie,
Car je hay trop les meschants, et leur vie,
Ung seul d’entre eulx autour de moy adjoinct
Ne sera point.
Tout cueur ayant pensée desloyalle,
Deslogera hors de ma Court Royalle,
Et le nuysant n’y sera bien venu,
Non pas congnu.
Qui par mesdire apart son prochain greve,
Qui a cueur gros, et les sourcilz esleve,
L’ung mectray bas, l’aultre souffrir, pour vray,
Je ne pourray.
Mes yeulx seront fort diligents à querre
Les habitants fideles de la terre,
Pour estre à moy: qui droicte voye yra,
Me servira.
Qui s’estudie à user de fallace,
En ma maison point ne trouvera place:
De moy n’aura mensonger, ne baveur,
Bien, ne faveur.
Ains du pays chasseray de bonne heure
Touts les meschants, tant qu’ung seul n’y demeure,
Pour du seigneur nettoyer la cité
D’iniquité.
CII.
– – –
CIII.
Pseaulme Cent troiziesme
Benedic anima mea Domino, et omnia.
Sus louez Dieu mon âme en toute chose,
Et tout cela, qui dedans moy repose,
Louez son Nom tressainct, et accomply:
Presente à Dieu louanges, et services,
O toy mon âme: et tant de benefices
Qu’en as receu ne les metz en oubly:
Ains le beneis, luy qui de pleine grâce
Toutes tes grands iniquités efface,
Et te guerit de toute infirmité.
Luy, qui rachepte, et retire ta vie
D’entre les dentz de mort pleine d’envie,
T’environnant de sa benignité:
Luy, qui de biens, à souhait, et largesse,
Emplit ta bouche en faisant ta jeunesse
Renouveller, comme à l’Aigle royal.
C’est le Seigneur, qui tousjours se recorde
Rendre le droict, par sa misericorde,
Aux oppressés, tant est Juge loyal.
A Moyses, de peur qu’on ne forvoye,
Manifester voulut sa droicte voye,
Et aux Enfantz d’Israel ses haultz faictz.
C’est le Seigneur enclin à pitié doulce,
Prompt à mercy, et qui tard se courrouce:
C’est en bonté le parfaict des parfaictz.
Il est bien vray, quand par nostre inconstance
Nous l’offensons, qu’il nous menace, et tance:
Mais point ne tient son cueur incessamment,
Selon noz maulx point ne nous faict: mais certes
Il est si doulx, que selon noz dessertes
Ne nous veult pas rendre le chastiment.
Car à chacun, qui craint luy faire faulte,
La bonté sienne il demonstre aussi haulte
Comme sont haultz sur la terre les cieulx:
Aussi loing qu’est la part Orientalle
De l’Occident, à la distance esgalle
Loing de nous met touts nos faictz vicieux.
Comme aux Enfants est piteux ung bon pere,
Ainsi (pour vray)à qui luy obtempere,
Le Seigneur est de doulce affection:
Car il congnoist dequoy sont faictz les hommes,
Il sçayt tresbien, helas, que nous ne sommes
Rien, sinon pouldre, et putrefaction.
A herbe, et foin semblent les jours de l’homme:
Par quelcque temps il fleurit, ainsi comme
La fleur des champs, qui nutriment reçoit.
Puis en sentant d’ung froid vent la venue,
Tourne à neant, tant que plus n’est congneue
Du lieu auquel n’agueres fleurissoit.
Mais la mercy de Dieu est eternelle
A qui le craint: et trouveront en elle
Les filz des filz justice, et grand’ bonté:
J’entends ceulx là qui son contract observent,
Et qui sa Loy en memoyre reservent,
Pour accomplir sa saincte voulunté.
Dieu a basty (sans qui bransle, n’empire)
Son Throsne aux cieulx: et dessoubs son Empire
Touts aultres sont et submys, et ployés.
Or louez Dieu Anges de vertu grande,
Anges de luy, qui tout ce qu’il commande
Faictes si tost que parler vous l’oyez.
Beneissez Dieu tout son bel exercite,
Ministres siens, qui de son vueil licite
Executer ne fustes oncq oyseux.
Touts ses haultz faictz en chascun sien Royaulme
Beneissez Dieu: et pour clorre mon Pseaulme,
Louez le aussi mon âme avecques eulx.
CIV.
Pseaulme Cent quatriesme
Benedic anima mea Domino, Domine Deus.
Sus, sus, mon âme, il te fault dire bien
De l’Eternel. O mon vray Dieu, combien
Ta grandeur est excellente, et notoyre!
Tu es vestu de splendeur, et de gloire:
Tu es vestu de splendeur proprement,
Ne plus ne moins que d’ung accoustrement:
Pour pavillon, qui d’ung tel Roy soit digne,
Tu tendz le ciel, ainsi qu’une courtine.
Lambrissé d’eaux est ton palais vousté,
En lieu de char sur la nue es porté:
Et les fortz ventz, qui parmy l’air souspirent,
Ton chariot, avec leurs aesles, tirent.
Des ventz aussi diligents, et legers
Fays tes heraults, postes, et messagers:
Et fouldre, et feu, fort promptz à ton service,
Sont les sergents de ta haulte justice.
Tu a assis la terre rondement
Par contrepoys, sur son vray fondement:
Si qu’à jamais sera ferme en son estre,
Sans se mouvoir n’a dextre n’a senestre.
Au paravant, de profonde, et grand’eau
Couverte estoit, ainsi que d’ung manteau:
Et les grands eaux faisoyent toutes à l’heure
Dessus les montz leur arrest, et demeure:
Mais aussi tost que les vouluz tencer,
Bien tost les feis de partir s’advancer:
Et à ta voix, qu’on oyt tonner en terre,
Toutes de peur s’enfuyrent grand’ erre.
Montaignes lors vindrent à se dresser:
Pareillement les vaulx à s’abaisser,
En se rendant droict à la propre place
Que tu leur as estably de ta grâce.
Ainsi la mer bornas, par tel compas
Que son limite elle ne pourra pas
Oultrepasser: et feis ce beau chef d’oeuvre,
Affin que plus la terre elle ne coeuvre.
Tu feis descendre aux vallées les eaux:
Sortir y feis fontaines, et ruysseaux;
Qui vont coulant, et passent, et murmurent
Entre les montz, qui les plaines emmurent.
Et c’est affin que les bestes des champs
Puissent leur soif estre là estanchants,
Beuvants à gré toutes de ces breuvaiges,
Toutes, je dy, jusqu’aux Asnes saulvaiges.
Dessus, et pres de ces ruysseaux courants,
Les oyselletz du ciel sont demourants,
Qui du milieu des fueilles, et des branches,
Font resonner leurs voix nettes, et franches.
De tes haultz lieux, par art aultre qu’humain,
Les montz pierreux arrouses de ta main:
Si que la terre est toute saoule, et pleine
Du fruict venant de ton labeur sans peine.
Car ce faisant, tu fays par montz, et vaulx
Germer le foin, pour Jumentz, et Chevaulx.
L’herbe, à servir l’humaine creature,
Luy produisant de la terre pasture:
Le vin, pour estre au cueur joye, et confort,
Le pain aussi, pour l’homme rendre fort:
Semblablement l’huile, affin qu’il en face
Plus reluysante, et joyeuse sa face.
Tes arbres vertz prennent accroissement,
O Seigneur Dieu, les Cedres mesmement
Du mont Liban, que ta bonté supresme,
Sans artifice, a plantés elle mesme.
Là font leurs nidz (car il te plaist ainsi)
Les passereaux, et les passes aussi:
De l’aultre part, sur haultz sapins besongne,
Et y bastit sa maison la Cygoigne.
Par ta bonté les montz droictz, et haultains,
Sont le refuge aux Chevres, et aux Dains:
Et aux Connilz, et Lievres, qui vont viste,
Les rochers creux sont ordonnés pour giste.
Que diray plus? la claire Lune feis,
Pour nous marquer les moys, et jours prefix:
Et le Soleil, des qu’il leve, et esclaire,
De son coucher a congnoissance claire.
Apres en l’air les tenebres espars:
Et lors se faict la nuict de toutes pars,
Durant laquelle, aux champs sort toute beste
Hors des forestz, pour se jecter en queste.
Les Lyonceaulx mesmes lors sont yssants
Hors de leurs creux, bruyants, et rugissants
Apres la proye, affin d’avoir pasture
De toy, Seigneur, qui sçays leur nourriture:
Puis aussi tost que le Soleil faict jour,
A grands trouppeaulx revont en leur sejour:
Là où touts coys se veaultrent, et reposent,
Et en partir tout le long du jour n’osent.
Adoncques sort l’homme sans nul danger,
S’en va tout droict à son oeuvre renger,
Et au labeur, soit de champ, soit de prée,
Soit de jardin, jusques à la vesprée.
O Seigneur Dieu, que tes oeuvres divers
Sont merveilleux, par le monde univers!
O que tu as tout faict par grand’ sagesse!
Brief, la terre est plein de ta largesse.
Quant à la grande, et spacieuse mer,
On ne sçauroit ne nombrer, ne nommer
Les animaulx, qui vont nageant illecques,
Moyens, petits, et de bien grands avecques.
En ceste mer, navires vont errant:
Puis la Balaine, horrible monstre, et grand,
Y as formé, qui bien à l’aise y noue,
Et à son gré par les undes se joue.
Touts animaulx à toy vont à recours,
Les yeulx au ciel: affin que le secours
De ta bonté à repaistre leur donne,
Quand le besoing, et le temps s’y addonne.
Incontinent que tu leur fays ce bien
De le donner, ilz le prennent tresbien:
Ta large main n’est pas plustost ouverte
Que de touts biens planté leur est offerte.
Des que ta Face, et tes yeulx sont tournés
Arriere d’eulx, ilz sont touts estonnés.
Si leur Esprit tu retires, ilz meurent,
Et en leur pouldre ilz revont, et demeurent.
Si ton esprit derechef tu transmetz,
En telle vie adoncques les remetz,
Que paravant: et de bestes nouvelles,
En ung moment, la terre renouvelles.
Or soit tousjours regnant, et fleurissant
La Majesté du Seigneur toutpuissant:
Plaise au Seigneur prendre resjouyssance
Aux oeuvres faictz par sa haulte puissance.
Le Seigneur dy, qui faict horriblement
Terre trembler, d’ung regard seullement:
Voire qui faict (tant peu les sache attaindre)
Les plus haultz montz d’ahan suer, et craindre.
Quant est à moy, tant que vivant seray,
Au Seigneur Dieu chanter ne cesseray:
A mon vray Dieu plein de magnificence
Psalmes feray, tant que j’auray essence.
Si le supply; qu’en propos, et en son,
Luy soit plaisante, et doulce ma chanson:
S’ainsi advient, retirez vous tristesse,
Car en Dieu seul m’esjouiray sans cesse.
De terre soyent infideles exclus,
Et les pervers, si bien qu’il n’en soit plus.
Sus, sus, mon cueur, Dieu où tout bien abonde
Te fault louer, louez le tout monde.
CV.
– – –
CVI.
– – –
CVII.
Pseaulme Cent et septiesme
Confitemini Domino; quoniam bonus
Donnez au Seigneur gloyre,
Il est doulx, et clement,
Et sa bonté notoyre
Dure eternellement.
Ceulx qu’il a racheptés,
Qu’ilz chantent sa haultesse,
Et ceulx qu’il a jectés
Hors de la main d’oppresse.
Les ramassant ensemble
D’Orient, d’Occident,
De l’Aquilon qui tremble,
Et du Midy ardent.
Si d’aventure errants
Par les deserts se treuvent,
Demourance querants,
Et que trouver n’en peuvent:
Et si l’aspre famine
Et la soif sans liqueur
Les travaille, et leur mine
Et le corps, et le cueur:
Pourveu qu’à tel besoing
Criants, à Dieu lamentent,
Subit il les mect loing
Des maulx, qui les tourmentent.
Et droict chemin passable
Leur monstre, et faict tenir,
Pour en ville habitable
Les faire parvenir.
Lors de Dieu vont chantant
Les bontés nompareilles,
Cà, et là racomptant
Aux hommes ses merveilles.
D’avoir l’âme assouvie,
Qui de soif languissoit,
Saoulant de biens la vie,
Qui de faim perissoit.
Ceulx qui sont resserrés
En tenebres mortelles,
Enchesnés, enferrés,
Et souffrants peines telles,
Pour avoir la Parolle
De Dieu, mise à despris,
Et tenant pour frivolle
Son conseil de hault pris,
Quand par tourments leurs cueurs
Humiliés demeurent,
Abbatuz de langueurs,
Sans que nulz les sequeurent.
Pourveu qu’à Dieu s’addressent,
L’appellants au besoing,
Touts les maulx qui les pressent,
Il les renvoye au loing.
Des prisons les mect hors,
Mortelles, et obscures,
Rompant leurs lyens forts,
Cordes, et chesnes dures.
Les bontés nompareilles
De Dieu lors vont chantant,
Cà, et là ses merveilles
Aux hommes racomptant.
D’avoir jusqu’aux courreaux
Brisé d’arain les portes,
Et de fer les barreaux
Rompu de ses mains fortes.
Les folz, qui les supplices
Sentent de leurs pechés,
Et qui sont par leurs vices
Malades, assechés,
Dont le cueur, tout repas
Et viande abhomine,
Et qui sont pres du pas
De la mort, qui les mine,
Pourveu qu’à Dieu s’addressent,
L’appellants au besoing,
Touts les maulx qui les pressent
Il les renvoye au loing.
D’un seul mot qu’[il] transmet
Leur donne santé telle,
Que du tout hors les met
De ruyne mortelle.
Les bontés nompareilles
De Dieu lors vont chantant,
Cà, et là ses merveilles
Aux hommes racomptant.
A Dieu d’ardant desir
Louange sacrifient,
Et avecq grand plaisir
Ses oeuvres magnifient.
Ceulx qui dedans gallées
Dessus la mer s’en vont,
Et en grands eaux sallées
Mainte trafficque font:
Ceux là voyent de Dieu
Les oeuvres merveilleuses,
Sur le profond milieu
Des vagues perilleuses.
Le vent, s’il luy commande,
Souffle tempestueux,
Et s’enfle en la mer grande
Le flot impetueux:
Lors montent au ciel hault,
Puis aux gouffres descendent,
Et d’effroy, peu s’en fault
Que les âmes ne rendent.
Chancellent en yvrongne,
Troublés du branlement,
Tout leur sens les eslongne,
Perdent l’entendement.
Mais si à tel besoing
Criants, à Dieu lamentent,
Subit il les mect loing
Des maulx qui les tourmentent.
Faict au vent de tempeste
Sa fureur rabaisser,
Faict que la mer s’arreste,
Et ses undes cesser.
L’orage retiré,
Chascun joye demeine,
Et au port desiré
Le Seigneur Dieu les meine.
Les bontés nompareilles
De Dieu lors vont chantant,
Cà, et là ses merveilles
Aux hommes racomptant.
Parmy le peuple bas
Le surhaulsent en gloyre,
Et ne le taisent pas
Des grands au consistoyre.
Luy, qui les eaux profondes
En desert convertit,
Et les sources des undes
Asseche, et divertit.
Luy, qui steriles faict
Terres grasses, et belles,
Et tout pour le forfaict
Des habitants d’icelles.
Qui desertz d’humeur vuydes
Convertit en grands eaux,
Et lieux secz, et arides,
En sources, et ruisseaux.
Et qui là faict venir
Ceulx qui de faim languissent,
Lesquelz, pour s’y tenir,
Des Villes y bastissent:
Y semer champs se peinent,
Et vignes y planter,
Qui touts les ans ameinent
Fruict, pour les sustenter.
Là, les fortune en biens,
Les croist, les continue,
Et leur bestail en riens
Il ne leur diminue.
Puis descroissent de nombre,
Viennent à rarité,
Par maulx, et par encombre,
Et par sterilité.
Riches, nobles, et grands,
Mesprisés il renvoye,
Par deserts lieux errants,
Où n’a chemin, ne voye.
Et esleve, et delivre
Le paovre hors d’ennuy,
Et force gens faict vivre,
Comme ung trouppeau, soubs luy.
Ce voyant, ont aux cueurs
Les justes joye enclose,
Et de Dieu les mocqueurs
S’en vont la bouche close.
Qui a sens, et prudence,
Garde à cecy prendra:
Lors la grande clemence
Du Seigneur entendra.
CVIII.
– – –
CIX.
– – –
CX.
Pseaulme Cent dixiesme
Dixit Dominus Domino meo
L’Omnipotent à mon Seigneur, et maistre
A dit ce mot: A ma dextre te sieds,
Tant que j’auray renversé, et faict estre
Tes ennemys le scabeau de tes pieds.
Le sceptre fort de ton puissant Empire
En fin sera loing de Syon transmys
Par l’Eternel, lequel te viendra dire:
Regne au milieu de touts tes ennemys.
De son bon gré ta gent bien disposée,
Au jour tressainct de ton sacre courra:
Et aussi dru qu’au matin chet rosée,
Naistre en tes filz ta jeunesse on verra.
Car l’Eternel, sans muer de courage,
A de toy seul dit, et juré avec:
Grand Prebstre, et Roy, tu seras en tout eagé,
Ensuyvant l’ordre au bon Melchisedec.
A ton bras droict Dieu ton Seigneur, et Pere,
T’assistera aux belliqueux arroys,
Là, où pour toy, au jour de sa colere,
Rompra la teste à Princes, et à Roys.
Sur les Gentilz exercera justice,
Remplira tout de corps morts envahis,
Et frappera, pour le dernier supplice,
Le chef regnant sur beaulcoup de pays.
Puis, en passant au milieu de la plaine,
Des grands ruisseaux de sang s’abbruvera.
Par ce moyen, ayant victoire pleine,
La teste hault, tout joyeulx, levera.
CXI.
– – –
CXII.
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CXIII.
Pseaulme Cent Treiziesme
Laudate pueri, Dominum.
Enfants, qui le Seigneur servez,
Louez le, et son Nom eslevez,
Louez son Nom, et sa haultesse:
Soit presché, soit faict solennel
Le Nom du Seigneur eternel,
Par tout, en ce temps, et sans cesse.
D’Orient jusqu’en Occident
Doibt estre le loz evident
Du Seigneur, et sa renommée:
Sur toutes gens le Dieu des Dieux
Est exalté, et sur les cieulx
S’esleve sa gloyre estimée.
Qui est pareil à nostre Dieu,
Lequel faict sa demeure au lieu
Le plus hault, que l’on sçauroit querre?
Et puis en bas veult devaller,
Pour toutes choses speculer,
Qui se font au ciel, et en terre?
Le paovre sur terre gisant
Il esleve en l’authorisant,
Et le tire hors de la boue,
Pour le colloquer aux honneurs
Des seigneurs, j’entends des seigneurs
Du peuple, que sien il advoue.
C’est luy qui remplit à foison
De tres beaulx enfants la maison
De la femme, qui est sterile:
Et luy faict joye recevoir,
Quand d’impuissante à concepvoir,
Se voyt d’enfants mere fertile.
CXIV.
Pseaulme Cent quatorziesme
In exitu Israel de Aegypto.
Quand Israel hors d’Egypte sortit,
Et la maison de Jacob se partit
D’entre le peuple estrange:
Juda fut faict la grand’ gloyre de Dieu,
Et Dieu se feit Prince du peuple Hebrieu,
Prince de grand’ louange.
La mer le veit, qui s’enfuyt soubdain,
Et contremont l’eaue du fleuve Jourdain
Retourner fut contrainte.
Comme moutons montaignes ont sailly,
Et si en ont les coustaux tressailly,
Comme aigneletz en crainte.
Qu’avoys tu mer, à t’enfuyr soubdain?
Pourquoy amont l’eaue du fleuve Jourdain
Retourner fus contrainte?
Pourquoy avez monts en moutons sailly?
Pourquoy coustaux en avez tressailly,
Comme aigneletz en crainte?
Devant la face au Seigneur, qui tout peult,
Devant le Dieu de Jacob, quand il veult,
Terre trembla craintifve.
Je dy le Dieu, le Dieu convertissant
La pierre en lac, et le rocher puissant
En fontaine d’eaue vifve.
CXV.
Pseaulme Cent quinziesme
Non nobis, Domine, non nobis, sed.
Non point à nous, non point à nous, Seigneur,
Mais à ton Nom donne gloyre, et honneur,
Pour ta grand’ bonté seure.
Pourquoy diroyent les gens, en se mocquant,
Où est ce Dieu, qu’ilz vont tant invocquant,
Où est il à ceste heure?
Certainement nostre Dieu tout parfaict
Reside aux cieulx: et de là hault il faict
Tout ce qu’il veult en somme.
Mais ce qu’adore une si mal gent,
Idoles sont, faictes d’or, et d’argent,
Ouvrage de main d’homme.
Bouche elles ont, sans parler ne mouvoir:
Elles ont yeulx, et ne sçauroyent rien veoir,
C’est une chose morte:
Oreilles ont, et ne sçauroyent ouyr:
Elles ont nez, et ne sçauroyent jouyr
D’odeur doulce, ne forte:
Elles ont mains, ne pouvants rien toucher:
Elles ont pieds, et ne sçavent marcher:
Gosier, et point ne crient.
Telz, et pareilz sont touts ceulx, qui les font,
Et ceulx lesquelz à leurs recours s’en vont,
Et touts ceulx qui s’y fient.
Toy Israel, arreste ton espoir
Sur le Seigneur, c’est ta force, et pouvoir,
Bouclier, et saulvegarde.
Maison d’Aaron, arreste ton espoir
Sur le Seigneur, c’est ta force, et pouvoir,
Lequel te saulve, et garde.
Qui craignez Dieu, arrestez vostre espoir
Sur tel Seigneur, car c’est vostre pouvoir,
Soubs qui l’ennemy tremble.
Le Seigneur Dieu de nous souvenir a:
Plus que jamais Israel beneira,
Les filz d’Aaron ensemble.
A touts, qui sont de l’offenser craintifs,
Grands biens a faicts, depuis les plus petits.
Jusqu’à ceulx de grand’ eage.
Les biens, et dons, que pour vous faicts il a,
Il fera croistre à vous, et à ceulx là
De vostre parentage.
Car favoris estes, et bien aymés
Du grand Seigneur, qui les cieulx a formés,
Et terre confinée.
Le Seigneur s’est reservé seullement
Les cieulx pour soy: la terre entierement
Aux hommes a donnée.
O Seigneur Dieu, l’homme par mort transi
Ne dit ton loz, ne quiconques aussi
En la fosse devalle:
Mais nous vivants, par tout, où nous irons,
De bouche, et cueur le Seigneur beneirons,
Sans fin, sans intervalle.
CXVI.
– – –
CXVII.
– – –
CXVIII.
Pseaulme Cent dixhuictiesme
Confitemini Domino, quoniam
Rendez à Dieu louange, et gloire,
Car il est bening, et clement.
Qui plus est, sa bonté notoire
Dure perpetuellement.
Qu’Israel ores se recorde
De chanter solennellement,
Que sa grande misericorde
Dure perpetuellement.
La maison d’Aaron ancienne
Vienne tout hault presentement
Confesser que la bonté sienne
Dure perpetuellement.
Touts ceulx qui du seigneur ont crainte,
Viennent aussi chanter comment
Sa bonte pitoyable, et saincte,
Dure perpetuellement.
Ainsi que j’estoys en destresse,
En invocquant sa Majesté,
Il m’ouyt, et de ceste presse
Me mist au large, à saulveté.
Le tout puissant, qui m’ouyt plaindre,
Mon party tousjours tenir veult,
Qu’ay je doncq que faire de craindre
Tout ce que l’homme faire peult?
De mon costé il se retire
Avecq ceulx qui me sont amys:
Ainsi, cela que je desire
Je verray en mes ennemys.
Mieulx vault avoir en Dieu fiance
Qu’en l’homme, qui est moins que riens:
Mieulx vault avoir en Dieu fiance
Qu’aux Princes, et grands terriens.
Beaulcoup de gens, c’est chose seure,
M’assiegearent de touts costés:
Au nom de Dieu, ce dy je à l’heure,
Ilz seront par moy reboutés.
Ilz m’avoyent enclos par grand’ ire,
Enclos m’avoyent touts mutinés:
Au nom de Dieu, ce vins je à dire,
Ilz seront par moy ruinés.
Ilz m’avoyent enclos comme abeilles,
Et furent, les folz, et haultains,
Au nom du grand Dieu des merveilles,
Comme feu d’espines estainds.
Tu as, importun adversaire,
Rudement contre moy couru,
Pour du tout tresbucher me faire,
Mais l’Eternel m’a secouru.
Le Toutpuissant, c’est ma puissance,
C’est l’argument, c’est le discours
De mes vers pleins d’esjouyssance,
C’est de luy que j’ay heu secours.
Aux maisons de mon peuple juste
On n’oyt rien que joye, et confort,
On chante, on dit, le bras robuste
Du Seigneur a faict grand effort.
De l’Eternel la main adextre
S’est eslevée à ceste foys,
Dieu a faict vertu par sa dextre,
Telle est du bon peuple la voix.
Arriere ennemys, et envie,
Car la mort point ne sentiray,
Ainçoys demoureray en vie,
Et les faicts du Seigneur diray.
Chastié m’a, je le confesse,
Chastié m’a, puny, battu,
Mais point n’a voulu sa haultesse
Que par mort je fusse abattu.
Ouvrez moy les grands portes belles
Du sainct Temple aux justes voué,
Affin que j’entre par icelles
Et que Dieu soit par moy loué.
Ces grands portes sumptueuses
Sont les portes du Seigeur Dieu:
Les justes gens, et vertueuses,
Peuvent passer tout au milieu.
Là diray ta gloyre supreme,
Là par moy seras celebré,
Car en adversité extreme
Exaulcé m’as, et delivré.
La pierre par ceulx rejectée
Qui du bastiment ont le soing,
A esté assise, et plantée
Au plus hault du principal coing.
Cela, c’est une oeuvre celeste,
Faicte, pour vray, du Dieu des dieux,
Et ung miracle manifeste,
Lequel se presente à noz yeulx.
La voicy l’heureuse journée
Que Dieu a faicte à plein desir,
Par nous soit joye demenée,
Et prenons en elle plaisir.
Or te prions, Dieu nostre Pere,
En ta garde à ce coup nous tien,
Et en fortune si prospere
D’orenavant nous entretien.
Beneit soit qui au Nom tresdigne
Du Seigneur est venu icy:
O vous, de la maison divine,
Nous vous beneissons touts aussi.
Dieu est puissant, doulx, et propice,
Et nous donra lumiere à gré:
Lyez le boeuf du sacrifice
Aux cornes de l’autel sacré.
Tu es le seul Dieu que j’honnore,
Aussi sans fin te chanteray:
Tu es le seul Dieu que j’adore,
Aussi sans fin t’exalteray.
Rendez à Dieu louange, et gloyre,
Car il est bening, et clement.
Qui plus est, sa bonté notoyre
Dure perpetuellement.
CXIX.
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CXX.
– – –
CXXI.
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CXXII.
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CXXIII.
– – –
CXXIV.
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CXXV.
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CXXVI.
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CXXVII.
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CXXVIII.
Pseaulme Cent Vingthuictiesme
Beati omnes, qui timent Dominum
Bienheureux est quiconques
Sert à Dieu vouluntiers,
Et ne se lassa oncques
De suyvre ses sentiers.
Du labeur que sçays faire
Vivras commodement,
Et yra ton affaire
Bien, et heureusement.
Quant à l’heur de ta ligne,
Ta femme en ta maison
Sera comme une vigne,
Portant fruict à foison.
Et autour de la table
Seront tes enfants beaulx,
Comme ung reng delectable
D’oliviers touts nouveaulx.
Ce sont les benefices
Dont seras jouyssant
Celluy qui, fuyant vices,
Craindra le Toutpuissant.
De Syon Dieu sublime
Te fera tant de bien,
De veoir Hierosolyme
En tes jours aller bien.
Et verras de ta race
Double posterité,
Et sur Israel grâce,
Paix, et felicité.
CXXIX.
– – –
CXXX.
Pseaulme Cent trentiesme
De profundis clamavi ad te Domine
Du fond de ma pensée,
Au fond de touts ennuys,
A toy s’est addressée
Ma clameur jours, et nuycts.
Entends ma voix plaintive,
Seigneur, il est saison,
Ton oreille ententive
Soit à mon oraison.
Si ta rigueur expresse
En noz pechés tu tiens,
Seigneur, Seigneur, qui est ce,
Qui demourra des tiens?
Or n’es tu point severe,
Mais propice à mercy:
C’est pourquoy on revere
Toy, et ta Loy aussi.
En Dieu je me console,
Mon âme si attend,
En sa ferme parolle
Tout mon espoir s’estend:
Mon âme à Dieu regarde
Matin, et sans sejour,
Plus matin, que la garde
Assise au poinct du jour.
Qu’Israel en Dieu fonde
Hardyment son appuy:
Car en Dieu grâce abonde,
Et secours est en luy:
C’est celluy qui sans doubte
Israel jectera
Hors d’iniquité toute,
Et le racheptera.
CXXXI.
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CXXXII.
– – –
CXXXIII.
– – –
CXXXIV.
– – –
CXXXV.
– – –
CXXXVI.
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CXXXVII.
Pseaulme Cent trenteseptiesme
Super flumina Babylonis.
Estants assis aux rives aquaticques
De Babylon, pleurions melancholicques,
Nous souvenant du pays de Sion:
Et au milieu de l’habitation,
Où de regret tant de pleurs espandismes,
Aux saules vertz noz harpes nous pendismes.
Lors ceulx, qui là captifz nous emmenarent,
De les sonner fort nous importunarent,
Et de Syon les chansons reciter:
Las dismes nous, qui pourroit inciter
Noz tristes cueurs à chanter la louange
De nostre Dieu, en une terre estrange?
Or toutesfoys, puisse oublier ma dextre
L’art de harper, avant qu’on te voye estre
Hierusalem, hors de mon souvenir:
Ma langue puisse à mon palays tenir
Si je t’oublie, et si jamais ay joye,
Tant que premier ta delivrance j’oye.
Mais doncq Seigneur, en ta memoyre imprime
Les filz d’Edom, qui sur Hierosolyme
Crioyent au jour que l’on la destruysoit:
Souvienne toy que chascun d’eulx disoit,
A sac, à sac, qu’elle soit embrasée,
Et jusqu’au pied des fondements rasée.
Aussi sera Babylon mise en cendre:
Et tresheureux, qui te sçaura bien rendre
Le mal dont trop de pres nous vient toucher:
Heureux celluy, qui viendra arracher
Les tiens enfants d’entre tes mains impures,
Pour les froisser contre les pierres dures.
CXXXVIII.
Pseaulme Cent trentehuictiesme
Confitebor tibi Domine in toto corde
Il fault que de touts mes Espritz
Ton loz, et pris
J’exalte, et prise.
Devant les grands me presenter,
Pour te chanter,
J’ay faict emprise.
En ton Sainct Temple adoreray,
Celebreray
Ta renommée,
Pour l’amour de ta grand’ bonté
Et feaulté
Tant estimée.
Car tu as faict ton Nom moult grand
En te monstrant
Vray en parolles:
Des que je crie, tu m’entends.
Quand il est temps
Mon cueur consoles.
Dont les Roys de chascun pays
Moult esbahys
T’ont loué, Sire,
Apres qu’ilz ont congneu que c’est
Ung vray arrest
Que de ton dire.
Et de Dieu, ainsi que je fays,
Chantent les faictz
A sa memoyre,
Confessants que du Toutpuissant
Resplendissant
Grande est la gloyre.
De veoir si bas tout ce qu’il fault
De son plus hault
Throne celeste,
Et de ce qu’estant si loingtain,
Grand, et haultain,
Se manifeste.
Si au milieu d’adversité
Suis agité,
Vif me preserves,
Sur mes ennemys inhumains
Jectes les mains,
Et me conserves.
Et parferas mon cas tout seur,
Car ta doulceur
Jamais n’abaisses:
Ce qu’une foys as commencé,
Et advancé,
Tu ne delaisses.
CXXXIX.
– – –
CXL.
– – –
CXLI.
– – –
CXLII.
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CXLIII.
Pseaulme Cent quarante et troisiesme
Domine exaudi orationem meam, auribus percipe.
Seigneur Dieu, oy l’oraison mienne:
Jusqu’à tes oreilles parvienne
Mon humble supplication:
Selon la vraye mercy tienne
Responds moy en affliction.
Avec ton serviteur n’estrive;
Et en plein jugement n’arrive,
Pour ses offenses luy prouver:
Car devant toy homme qui vive,
Juste ne se pourra trouver.
Las, mon ennemy m’a faict guerre,
A prosterné ma vie en terre:
Encor ne luy est pas assez,
En obscure fosse m’enserre,
Comme ceulx, qui sont trespassés.
Dont mon âme ainsi empressée,
De douleur se trouve oppressée,
Cuydant que m’as abandonné:
J’en sens dedans moy ma pensée
Troublée, et mon cueur estonné.
En ceste fosse obscure, et noyre,
Des jours passés j’ay heu memoyre:
Là j’ay tes oeuvres medités,
Et pour confort consolatoyre,
Les faicts de tes mains recités.
Là dedans à toy je souspire,
A toy je tends mes mains, ô Sire,
Et mon âme en sa grand’clameur
A soif de toy, et te desire,
Comme seiche terre l’humeur.
Haste toy, soys moy secourable,
L’esprit me fault, de moy damnable
Ne cache ton visage beau:
Aultrement je m’en voys semblable
A ceulx qu’on devalle au tumbeau.
Fais moy doncq ouyr de bonne heure
Ta grâce, car en toy m’asseure:
Et du chemin, que tenir doy,
Donne m’en congnoissance seure,
Car j’ay levé mon cueur à toy.
O Seigneur Dieu, mon esperance,
Donne moy pleine delivrance
De mes poursuyvants ennemys,
Puis que chés toy, pour asseurance,
Je me suis à refuge mys.
Enseigne moy comme il fault faire
Pour bien ta voulunté parfaire,
Car tu es mon vray Dieu entier:
Fais que ton esprit debonnaire
Me guide, et meine au droict sentier.
O Seigneur, en qui je me fie,
Restaure moy, et vivifie,
Pour ton Nom craint, et redoubté:
Retire de langueur ma vie,
Pour monstrer ta juste bonté.
Touts les ennemys qui m’assaillent,
Fais par ta mercy qu’ilz deffaillent:
Et rends confonduz, et destruicts
Touts ceulx qui ma vie travaillent,
Car ton humble serviteur suis.
CXLIV.
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CXLV.
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CXLVI.
– – –
CXLVII.
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CXLVIII.
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CXLIX.
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CL.
– – –