XXII.
Pseaulme Vingtdeuxiesme
Deus meus respice in me, quare dereliq.
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoy m’as tu laissé,
Loing de secours, d’ennuy tant oppressé,
Et long du cry, que je t’ay addressé
En ma complaincte?
De jour, mon Dieu, je t’invocque sans faincte,
Et toutesfoys ne respond ta voix saincte:
De nuict aussi, et n’ay, de quoy estaincte
Soit ma clameur.
Helas, tu es le Sainct, et la tremeur,
Et d’Israel le resident bonheur,
Là où t’a pleu que ton los, et honneur
On chante, et prise.
Noz Peres ont leur fiance en toy mise,
Leur confiance ilz ont sur toy assise:
Et tu les as de captifz, en franchise
Tousjours boutés.
A toy criants, d’ennuy furent ostés,
Esperé ont en tes sainctes bontés,
Et ont receu, sans estre reboutés,
Ta grâce prompte.
Mais moy, je suis ung verm, qui rien ne monte,
Et non plus homme, ains des hommes la honte:
Et plus ne sers que de fable, et de compte
Au peuple bas.
Chascun qui voit comme ainsi tu m’abas,
De moy se mocque, et y prend ses esbas:
Me font la mouë: et puis hault, et puis bas,
Hochent la teste.
Puis vont disant: Il s’appuye, et s’arreste
Du tout sur Dieu, et luy faict sa requeste:
Donc qu’il le saulve, et que secours luy preste,
S’il l’ayme tant.
Si m’as tu mys hors du ventre pourtant:
Causes d’espoir tu me fus apportant:
Des que j’estoys les mammelles tetant
De ma nourrice.
Et qui plus est, sortant de la matrice,
Me recueillit ta saincte Main tutrice,
Et te monstras estre mon Dieu propice
Des que fus né.
Ne te tien donc de moy si destourné:
Car le peril m’a de pres adjourné:
Et n’est aulcun par qui me soit donné
Secours ne grâce.
Maint gros Taureau m’environne, et menace:
Les gros Taureaux de Basan terre grasse,
Pour m’assieger m’ont suivy à la trace
En me pressant:
Et tout ainsi qu’ung Lyon ravissant,
Apres la proye en fureur rugissant,
Ilz ont ouvert dessus moy languissant
Leur gueule gloute.
Las, ma vertu comme eau’ s’escoule toute,
N’ay os qui n’ayt la joincture dissoulte:
Et comme cire en moy fond goutte à goutte
Mon cueur fasché.
D’humeur je suis comme tuylle asseiché:
Mon palais est à ma langue attaché:
Tu m’as faict prest d’estre au tumbeau couché,
Reduict en cendre.
Car circuy m’ont les chiens pour me prendre:
La faulse trouppe est venue m’offendre,
Venue elle est me transpercer, et fendre
Mes piedz, et mains.
Compter je puis mes os du plus au moins:
Ce que voyants les cruelz inhumains,
Touts resjouys me jectent regards maints,
Avec risée.
Jà ma despouille entre eulx ont divisée:
Entre eulx desjà ma robbe deposée
Ilz ont au sort hazardeux exposée,
A qui l’aura.
Seigneur, ta main donc ne s’eslongnera:
Ains par pitié secours me donnera:
Et s’il te plaist, elle se hastera,
Mon Dieu, ma force:
Saulve de glaive, et de mortelle estorce,
Mon âme, helas, que de perdre on s’efforce:
Delivre la, que du Chien ne soit morse,
Chien enragé.
Du Leonin gosier encouragé
Delivre moy: responds à l’affligé,
Qui est par grands Licornes assiegé
Des cornes d’elles.
Si compteray à mes freres fideles
Ton Nom treshault: tes vertus immortelles
Diray parmy les assemblées belles,
Parlant ainsi:
Vous craignants Dieu, confessez le sans si:
Filz de Jacob, exaltez sa Mercy:
Crains le tousjours toy d’Israel aussi,
La race entiere:
Car rebouté n’a l’humble en sa priere,
Ne destourné de luy sa Face arriere:
S’il a crié, sa bonté singuliere
L’axaulcé.
Ainsi ton los par moy sera haulsé
En grande trouppe: et mon voeu jà dressé
Rendray, devant le bon peuple amassé,
Qui te craint, Sire.
Là mangeront les paovres à suffire,
Beneira Dieu, qui Dieu craint, et desire,
O vous ceulx là, sans fin (je le puis dire)
Voz cueurs vivront.
Cela pensant, touts se convertiront
Les boutz du monde, et à Dieu serviront:
Brief, toutes gens leurs genoulx fleschiront
En ta presence.
Car ilz sçauront qu’à la divine essence
Seulle appartient Regne, et magnificence:
Dont sur les gens seras par excellence
Roy conquerant.
Gras, et repeuz te viendront adorant:
Voire le maigre à la fossé courant,
Et dont la vie est hors de restaurant,
Te donna gloire.
Puis leurs enfants à te servir, et croire
S’enclineront: et en tout territoyre
De filz en filz il sera faict memoyre
Du Toutpuissant.
Tousjours viendra quelcun d’entre eulx yssant,
Lequel au peuple à l’advenir naissant,
Ira par tout ta bonté annonçant
Sur moy notoyre.
XXIII.
Pseaulme vingttroisiesme
Dominus regit me, et nihil
Mon Dieu me paist soubs sa puissance haulte,
C’est mon berger, de rien je n’auray faulte.
En tect bien seur, joignant les beaulx herbages,
Coucher me faict, me meine aux clairs rivages,
Traicte ma vie en doulceur treshumaine,
Et pour son Nom, par droicts sentiers me meine
Si seurement, que quand au val viendroye
D’umbre de mort, rien de mal ne craindroye,
Car avec moy tu es à chascune heure:
Puis ta houlette, et conduicte m’asseure.
Tu enrichys de vivres necessaires
Ma table, aux yeulx de touts mes adversaires.
Tu oings mon chef d’huyles, et senteurs bonnes,
Et jusqu’aux bords pleine tasse me donnes,
Voyre, et feras que ceste faveur tienne,
Tant que vivray compaignie me tienne,
Si que tousjours de faire ay esperance
En la maison du Seigneur demourance.
XXIV.
Pseaulme Vingtquatriesme à deux versetz pour couplet à chanter
Domini est terra, et plenitudo.
La terre au Seigneur appartient,
Tout ce qu’en sa rondeur contient,
Et ceulx qui habitent en elle.
Sur mer fondement luy donna,
L’enrichit, et l’environna
De maint riviere tresbelle.
Mais sa Montaigne est ung sainct lieu:
Qui viendra doncq au Mont de Dieu?
Qui est ce, qui là tiendra place?
L’homme de mains, et cueur lavé,
En vanités non eslevé,
Et qui n’a juré en fallace.
L’homme tel, Dieu le beneira:
Dieu son saulveur le munira
De misericorde, et clemence.
Telle est la generation
Cherchant, cherchant d’affection
Du Dieu de Jacob la presence.
Haulsez voz testes grands portaulx,
Huys eternelz, tenez vous haultz,
Si entrera le Roy de gloire.
Qui est ce Roy tant glorieux?
C’est le fort Dieu victorieux,
Le plus fort qu’en guerre on peult croire.
Haulsez voz testes grands portaulx,
Huys eternelz tenez vous haultz,
Si entrera le Roy de gloire.
Qui est ce Roy tant glorieux?
Le Dieu d’armes victorieux,
C’est luy, qui est le Roy de gloire.
XXV.
Pseaulme vingtcinquiesme
Ad te Domine levavi animam
A Toy, mon Dieu, mon cueur monte,
En Toy mon espoir ay mys,
Fais que je ne tombe à honte,
Au gré de mes ennemys.
Honte n’auront voyrement
Ceulx qui dessus toy s’appuyent,
Mais bien ceulx qui durement
Et sans cause les ennuyent.
Le chemin que tu nous dresses
Fays moy congnoistre, Seigneur,
De tes sentes, et addresses
Vueilles moy estre enseigneur.
Achemine moy au cours
De ta verité patente,
Comme Dieu de mon secours,
Où j’ay chascun jour attente.
De tes bontés te recorde,
Metz en memoyre, et estends
Ceste grand’ misericorde,
Dont usé a de tout temps.
Oublye la mauvaistié
De l’orde jeunesse mienne,
De moy, selon ta pitié,
Par ta bonté te souvienne.
Dieu est bon, et veritable,
L’a esté, et le sera,
Parquoy en voye equitable
Les pecheurs raddressera.
Les humbles fera venir
A vie juste, et decente,
Aux humbles fera tenir
L’Eternel sa droicte sente.
Bonté, seurté, souvenance,
Ce sont de Dieu les sentiers,
A ceulx, qui sa convenance
Gardent bien, et vouluntiers.
Helas Seigneur tout parfaict,
Pour l’amour de ton Nom mesme,
Pardonne moy mon forfaict,
Car c’est ung forfaict extresme.
Quel homme c’est, à vray dire,
Qui en Dieu son desir a,
Du chemin qu’il doibt eslire
L’Eternel l’advertira.
A repos parmy ses biens
Vivra son cueur en grand’ eage,
Puis auront les Enfants siens
La terre pour heritage.
Dieu faict son secret paroistre
A ceulx qui l’ont en honneur,
Et leur monstre, et faict congnoistre
De son contract la teneur.
Quant à moy, yeulx, et espritz
En tout temps à Dieu je tourne,
Car mes piedz, quand ilz sont pris,
Du filé tire, et destourne.
Jecte doncq sur moy ta veuë,
Prens de moy compassion,
Personne suis despourveuë,
Seulle, et en affliction.
Jà mon cueur sent empirer,
Et augmenter ses destresses,
Las, vueille moy retirer
De ces miennes grands oppresses.
Tourne à mon tourment ta face,
Voy ma peine, et mon soucy,
Et touts mes pechés efface,
Qui sont cause de cecy.
Voy mes ennemys, qui sont
Non seullement grosse bande,
Mais qui sur moy certes ont
Hayne furieuse, et grande.
Preserve de leur embusche
Ma vie, et delivre moy,
Qu’à honte je ne tresbuche,
Puis que j’ay espoir en toy.
Que ma simple integrité
(Comme à l’ung des tiens) me serve,
Et de toute adversité
Israel tire, et conserve.
XXVI.
– – –
XXVII.
– – –
XXVIII.
– – –
XXIX.
– – –
XXX.
– – –
XXXI.
– – –
XXXII.
Pseaulme Trentedeuxiesme à ung verset pour couplet à chanter
Beati quorum remissae sunt iniquit.
O bien heureux celluy dont les commises
Transgressions, sont par grâce remises:
Duquel aussi les iniques pechés
Devant son Dieu sont couverts, et cachés.
O combien plein de bonheur je repute
L’homme, à qui Dieu son peché point n’impute:
Et en l’Esprit duquel n’habite point
D’hypocrisie, et de fraude ung seul poinct.
Durant mon mal, soit que vinse à me taire,
Las de crier: soit que me prinse à braire,
Et à gemir tout le jour sans cesser,
Mes os n’ont faict que fondre, et s’abaisser.
Car jour et nuict ta main dure ay sentie,
Par mon peché, sur moy appesantie:
Si que l’humeur de moy ainsit traicté,
Sembloit du tout seicheresse d’esté.
Mais mo peché je t’ay declairé, Sire,
Caché ne l’ay: et n’ay sceu si tost dire,
Il fault à Dieu confesser mon meffaict,
Que ta bonté vray pardon ne m’ait faict.
Pour ceste cause, à heure propre, et bonne,
Te requerra toute saincte personne:
Et quand de maulx ung deluge courroit,
D’icelle adonc approcher ne pourroit.
C’est toy qui es mon Fort, et ma retraicte:
C’est toy qui fais qu’ennuy mal ne me traicte:
C’est toy pa qui à touts coups m’est livré
De quoy chanter, par me veoir delivré.
Vien çà chascun, je te veulx faire entendre,
Et te monstrer la voye, où tu doibs tendre,
En ayant l’oeil droit dessus toy planté,
Pour t’addresser, comme experimenté.
Ne sois semblable au cheval, et la mule,
Qui n’ont en eulx intelligence nulle:
Pour les garder de mordre, tu refreins
Leurs dentz, et gueule, avecques mors, et freins.
L’homme endurcy sera dompté de mesmes,
Par maulx sans nombre, et par douleurs extresmes.
Mais qui en Dieu mectra tout son appuy,
Par grand’ doulceur sera traité de luy.
Or ayez donc de plaisir jouyssance:
Et touts en Dieu prenez resjouyssance
Justes humains: menez joye orendroict
Chascun de vous, qui avez le cueur droict.
XXXIII.
Pseaulme Trentetroisiesme
Exultate justi in Domino, rectos
Resveillez vous chascun fidele,
Menez en Dieu joye orendroit,
Louange est tresseante, et belle
En la bouche de l’homme droit:
Sur la doulce harpe
Pendue en escharpe
Le Seigneur louez,
De Luz, d’Espinettes,
Sainctes chansonnettes
A son Nom jouez.
Chantez de luy par melodie,
Nouveau vers, nouvelle chanson,
Et que bien on la psalmodie,
A haulte voix, et plaisant son.
Car ce que Dieu mande,
Qu’il dit et commande,
Est juste, et parfaict:
Tout ce qu’il propose,
Qu’il faict, et dispose,
A fiance est faict.
Il ayme d’amour souveraine,
Que droit regne, et justice ayt lieu:
Quand tout est dit, la terre est pleine
De la grande bonté de Dieu.
Dieu par sa Parolle
Forma chascun pole,
Et Ciel precieux,
Du vent de sa bouche
Feit ce qui attouche
Et orne les cieulx.
Il a les grands eaux amassées
En la mer, comme en ung vaisseau,
Aux abysmes les a mussées,
Comme ung thresor en ung monceau.
Que la terre toute
Ce grand Dieu redoubte,
Qui feit tout de rien:
Qu’il n’y ait personne,
Qui ne s’en estonne,
Au val terrien.
Car toute chose qu’il a dite
A esté faicte promptement,
L’obeyssance aussi subite
A esté, que le mandement.
Le conseil, l’emprise
Des gens il desbrise,
Et mect à l’envers:
Vaines, et cassées
Il rend les pensées
Des peuples divers.
Mais la divine providence
Son conseil sçait perpetuer,
Ce que son cueur une foys pense,
Dure à jamais, sans se muer.
O gent bienheurée,
Qui, toute asseurée,
Pour son Dieu le tient:
Heureux le lignage,
Que Dieu en partage
Choysit, et retient.
Le Seigneur Eternel regarde
Icy bas du plus hault des cieulx:
Dessus les humains il prend garde,
Et les voit touts devant ses yeulx.
De son Throsne stable,
Paisible, equitable,
Ses clairs yeulx aussi
Jusqu’au fons visitent
Touts ceulx qui habitent
En ce monde icy.
Car luy seul, sans aultruy puissance,
Forma leurs cueurs, telz qu’ilz les ont:
C’est luy seul qui a congnoissance
Quelles toutes leurs oeuvres sont.
Nombre de gensd’armes,
En assaultz n’alarmes,
Ne saulvent le Roy:
Bras ny halebarde,
L’homme fort ne garde,
De mortel desroy.
Celluy se trompe, qui cuyde estre
Saulvé par cheval bon, et fort:
Ce n’est point par sa force adextre,
Que l’homme eschappe ung dur effort.
Mais l’oeil de Dieu veille
Sur ceulx, à merveille,
Qui de voulunté
Craintifz le reverent:
Qui aussi esperent
En sa grand’ bonté.
Affin que leur vie il delivre,
Quand la Mort les menacera:
Et qu’il leur donne de quoy vivre
Au temps, que famine sera.
Que doncques nostre âme
L’Eternel reclame,
S’attendant à luy.
Il est nostre addresse,
Nostre forteresse,
Pavoys, et appuy.
Et par luy grand’ resjouyssance
Dedans noz cueurs tousjours aurons,
Pourveu qu’en la haulte puissance
De son Nom sainct nous esperons.
Or ta bonté grande
Dessus nous s’espande,
Nostre Dieu, et Roy,
Tout ainsi qu’entente,
Espoir, et attente
Nous avons en toy.
XXXIV.
– – –
XXXV.
– – –
XXXVI.
Pseaulme Trentesixiesme
Dixit injustus, ut delinquat in semetipso
Du maling les faictz vicieux
Me disent que devant ses yeulx
N’a point de Dieu la crainte:
Car tant se plaist en son erreur,
Que l’avoir en hayne, et horreur,
C’est bien force, et contraincte.
Son parler est nuysant, et fin:
Doctrine va fuyant, affin
De jamais bien ne faire.
Songe en son lict meschanceté:
Au chemin tors est arresté:
A nul mal n’est contraire.
O Seigneur, ta benignité
Touche aux cieulx, et ta verité
Dresse aux Nues la teste.
Tes jugements semblent haultz monts,
Ung abysme tes actes bons,
Tu gardes homme, et beste.
O que tes grâces nobles sont
Aux hommes, qui confiance ont
En l’ombre de tes aesles!
De tes biens saoules leurs desirs,
Et au fleuve de tes plaisirs,
Pour boyre les appelles.
Car source de vie en toy gist,
Et ta clarté nous eslargist
Ce qu’avons de lumiere.
Continue, ô Dieu tout puissant,
A tout cueur droict te congnoissant,
Ta bonté coustumiere.
Que le pied de l’homme inhumain
De moy n’approche, et que sa main
Ne m’ebranle ne greve.
C’est faict, les iniques cherront,
Et repoulsés tresbucheront;
Sans qu’ung d’eulx se releve.
XXXVII.
Pseaulme Trenteseptiesme à deux versetz pour couplet à chanter
Noli aemulari in malignantibus.
Ne sois fasché si durant ceste vie
Souvent tu voys prosperer les meschants,
Et des malings aux biens ne porte envie:
Car en ruine à la fin tresbuschants,
Seront fauschés comme foin, en peu d’heure,
Et seicheront comme l’herbe des champs.
En Dieu te fie, à bien faire labeure:
La terre auras pour habitation,
Et jouyras de rente vraye, et seure.
En Dieu sera ta delectation:
Et des souhaitz, que ton cueur vouldra faire,
Te donnera pleine fruition.
Remects en Dieu et toy, et ton affaire,
En luy te fie: et il accomplira
Ce que tu veulx accomplir, et parfaire.
Ta preud’hommie en veue il produira,
Comme le jour, si que ta vie bonne,
Comme ung midy par tout resplendira.
Laisse Dieu faire, attends le, et ne te donne
Soucy aulcun, regret, ne desplaisir
Du prosperant, qui à fraude s’addonne.
Si dueil en as, vueilles t’en dessaisir:
Et de te joindre à eulx n’aye courage,
Pour faire mal, et suyvre leur desir:
Car il cherra sur les malins orage.
Mais ceulx qui Dieu attendront constamment,
Possederont la terre en heritage.
Le faulx fauldra si tost, et tellement,
Que quand sa place yras chercher, et querre,
N’y trouveras la trace seullement.
Mais les benings heriteront la terre,
Et y auront, sans moleste d’aultruy,
Tout le plaisir que l’homme sçauroit querre.
Il est certain que tout mal, et ennuy,
L’homme pervers au bien vivant machine,
Et par fureur grince les dents sur luy:
Mais ce pendant la majesté divine
Ryt du meschant: car de ses yeulx ouverts
Voyt bien venir le jour de sa ruine.
Tirer leur glaive on verra les pervers,
Et bander l’arc, pour l’humble, et paovre battre,
Et [touts] les bons ruer morts à l’envers:
Mais leur cousteau sera pour les combattre,
Et percera leur cueur, tant soit il cault,
Verront leur arc aussi rompre, et abbattre.
Certes le peu de l’homme juste, vault
Mille foys mieulx, que la riche abondance
D’ung mal vivant, tant soit eslevé hault.
Car du meschant le bras, et la puissance
Seront rompuz: mais le Dieu supernel
Sera des bons tousjours la soustenance.
Il voyt, et sçait par ung soing paternel,
Les jours de ceulx qui ont vie innocente:
Et d’iceulx est l’heritage eternel.
Point ne seront frustrés de leur attente
Au maulvais temps: et si seront saoulés
Aux plus longs jours de famine dolente.
Mais les malings periront desolés:
Et n’aymants Dieu, s’en yront en fumée,
Ou deviendront comme gresse escoulés.
Leur main sera d’emprunter affamée,
Sans pouvroi rendre: et les justes auront
Dequoy monstrer charité enflammée:
Car les beneits de Dieu possederont
Finablement terre pleine de gresse:
Et les mauldicts en paovreté cherront.
Dieu touts les pas du vertueux addresse,
Et au chemin qu’il veult suyvre, et tenir,
Donne faveur, et l’unist, et le dresse.
Si de tomber ne se peult contenir,
D’estre froissé ne luy fault avoir craincte:
Car Dieu viendra la main luy soustenir.
J’ay esté jeune, et vieillesse ay attaincte,
Et n’ay point veu le juste abandonner,
Ne ses enfants mendier par contraincte:
Ains chascun jour ne faire que donner,
Prester, nourrir: et si voyt on sa race
Accroistre en heur, et en biens foisonner.
Fuy doncq le mal, suy le bien à la trace:
Et de durer à perpetuité
Le Seigneur Dieu te donnera la grâce.
Car il ne perd (tant il ayme equité)
Nul de ses bons, ilz ont garde eternelle:
Mais il destruict les filz d’iniquité.
Les biens vivants en joye solennelle
Possederont la terre, qui produyt,
Et à jamais habiteront en elle.
Du bien vivant la bouche rien n’istruict
Que sapience: et sa langue n’expose
Rien, qui ne soit tres juste, et plein de fruict:
Car en son cueur la Loy de Dieu repose.
Parquoy son pied ne sera point glissant,
Quelcque chemin que tirer il propose.
Il est bien vray, que l’inique puissant
Le juste espie: et pour à mort le mectre
Par tout le quiert comme ung loup ravissant.
Mais en sa main Dieu ne vouldra permectre
Qu’il soit submys, ne le veoir condamner,
Quand à justice il se viendra submectre.
Dieu doncq attends, vueille en luy cheminer:
Hault te mectra sur la terre seconde,
Et les malings verras exterminer.
J’ay veu l’inique enflé, et craint au monde,
Qui s’estendant grand, et hault verdissoit,
Comme ung laurier, qui en rameaulx abonde
Puis repassant par où il fleurissoit,
N’y estoit plus, et le cherchay à force:
Mais ne le sceu trouver en lieu qui soit.
Garde de nuyre, à veoir le droict t’efforce:
Car l’homme tel en fin, pour son loyer
Aura repos, loing d’ennuy, et divorce.
Mais touts fauldront les prompts à forvoyer:
Et des nuysants tout le dernier salaire,
Sera que Dieu les viendra fouldroyer.
Que diray plus? Dieu est le salutaire
Des bien vivants: c’est celluy qui sera
Tousjours leur force au temps dur, et contraire.
Les secourant, il les delivrera:
Les delivrant, garde il en vouldra faire,
Pource qu’en luy chascun d’eulx espoir a.
XXXVIII.
Pseaulme Trentehuictiesme à ung verset pour couplet à chanter
Domine, ne in furore tuo arguas me.
Las, en ta fureur aigue
Ne m’argue
De mon faict, Dieu tout puissant:
Ton ardeur ung peu retire,
N’en ton ire
Ne me punys languissant.
Car tes flesches descochées
Sont fischées
Bien fort en moy sans mentir:
Et as voulu (dont j’endure)
Ta main dure
Dessus moy appesantir.
Je n’ay sur moy chair ne veine
Qui soit saine,
Par l’ire en quoy je t’ay mys:
Mes os n’ont de repos ferme
Jour ne terme,
Par les maulx que j’ay commys.
Car les peines de mes faultes
Sont si haultes
Qu’elles surmontent mon chef:
Ce m’est ung faix importable
Qui m’accable,
Tant croist sur moy ce meschef.
Mes cicatrices puantes
Sont fluantes
De sang de corruption:
Las, par ma folle sottie
M’est sortie
Toute ceste infection.
Tant me faict mon mal la guerre,
Que vers terre
Suis courbé totallement:
Avec triste, et noyre mine
Je chemine
Tout en pleurs journellement.
Car mes cuisses, et mes aines
Sont jà pleines
Du mal dont suis tourmenté:
Tellement qu’en ma chair toute
N’y a goutte
D’apparence de santé.
Je, qui souloys estre habile,
Suis debile,
Cassé de corps, pieds, et mains:
Si que de la douleur forte
Qu’au cueur porte,
Je jecte cris inhumains.
Or tout ce que je desire,
Trescher Sire,
Tu le voys clair, et ouvert:
Le souspir de ma pensée
Transpercée
Ne t’est caché ne couvert.
Le cueur me bat à oultrance:
Ma puissance
M’a delaissé tout perclus:
Et de mes yeulx la lumiere
Coustumiere,
Voyre mes yeulx, je n’ay plus.
Les plus grands amys que j’aye,
De ma playe
Sont vis à vis, sans grand soing:
Et (hors mys toutes reproches)
Mes plus proches
La regardent de bien loing.
Ceulx, qui à ma mort s’attendent,
Leurs laqs tendent:
D’aultres voulants me grever,
Mille maulx de moy recensent,
Et ne pensent
Que fraudes pour m’achever.
Et je, comme n’oyant goutte,
Les escoute.
Leur cueur ont beau descouvrir:
Je suis là, comme une souche,
Sans ma bouche
Non plus qu’ung muet ouvrir.
Je suis devenu, en somme,
Comme ung homme
Du tout sourd, et qui n’oyt point,
Et qui n’a, quand on le picque
De replicque
Dedans sa bouche ung seul poinct.
Mais avecques esperance,
L’asseurance
De ton bon secours j’attends,
Et ainsi mon Dieu, mon pere,
Que j’espere,
Tu me repondras à temps.
Je le dy, et si t’en prie
Qu’on ne rie
De mon malheureux esmoy:
Car des qu’ung peu mon pied glisse,
Leur malice
S’esjouyt du mal de moy.
Vien doncq, car je suis en voye
Qu’on me voye
Clocher trop honteusement:
Pource que la grand’ destresse
Qui m’oppresse
Me poursuyt incessamment.
Las apart moy, avec honte,
Je racompte
Mon trop inique forfaict,
Je resve, je me tourmente,
Je lamente
Pour le peché que j’ay faict.
Et tandis mes adversaires,
Et contraires,
Sont vifs, et fortifiés:
Ceulx, qui m’ont sans cause aulcune
En rancune,
Sont creuz, et multipliés.
Touts encontre moy se bandent,
Et me rendent
Pour le bien, l’iniquité:
Et de leur hayne la source,
Ce fut pource
Que je suivoye equié.
Seigneur Dieu ne m’abandonne,
Moy personne
Deschassé d’ung chascun.
Loing de moy la grâce tienne
Ne se tienne,
D’ailleurs n’ay espoir aulcun.
Vien, et approche toy doncques,
Vien, si oncques
De tes enfants te chalut:
De me secourir te haste:
Je me gaste,
Seigneur Dieu de mon salut.
XXXIX.
– – –
XL.
– – –
XLI.
– – –
XLII.
– – –
XLIII.
Pseaulme Quarantetroisiesme
Deus, Deus meus, ad
Revenge moy, prends la querelle
De moy, Seigneur, par ta mercy,
Contre la gent faulse, et cruelle:
De l’homme, remply de cautelle,
Et en sa malice endurcy,
Delivre moy aussi.
Las, mon Dieu, tu es ma puissance,
Pourquoy t’enfuys, me reboutant?
Pourquoy permectz qu’en desplaisance
Je chemine, soubz la nuysance
De mon adversaire, qui tant
Me va persecutant?
A ce coup ta lumière luyse,
Et ta Foy veritable tien,
Chascune d’elles me conduyse
En ton sainct Mont, et m’introduyse
Jusqu’au Tabernacle tien,
Avecq humble maintien.
Là dedans prendray hardiesse
D’aller de Dieu jusqu’à l’autel,
Au Dieu de ma joye, et liesse,
Et sur la harpe chanteresse
Confesseray qu’il n’est Dieu tel
Que toy, Dieu immortel.
Mon cueur, pourquoy t’esbahys ores?
Pourquoy te debatz dedans moy?
Attends le Dieu que tu adores,
Car grâces luy rendray encores,
Dont il m’aura mys hors d’esmoy,
Comme mon Dieu, et Roy.
XLIV.
– – –
XLV.
Pseaulme Quarantecinquiesme
Eructavit cor meum verbum bonum
Propos exquis fault que de mon cueur sorte,
Car du Roy veulx dire Chanson, de sorte
Qu’à ceste foys ma langue mieulx dira
Qu’un Scribe prompt de plume n’escrira.
Le mieulx formé tu es d’humaine race,
En ton parler gist merveilleuse grâce:
Parquoy Dieu faict que toute nation
Sans fin te loue en benediction.
O le plus fort que rencontrer on puisse,
Accoustre, et ceintz sur ta robuste cuisse
Ton glaive aigu, qui est la resplendeur,
Et l’ornement de Royalle grandeur.
Entre en ton Char, triumphe à la bonne heure
En grand honneur, puis qu’avecq toy demeure
Verité, Foy, Justice, et cueur humain,
Veoir te feras de grands choses ta main.
Tes Dards luysants, et tes Sagettes belles
Poignantes sont: les cueurs à toy rebelles
Seront au vif d’icelles transpercés,
Et dessoubz toy les peuples renversés.
O divin Roy, ton Throsne venerable
C’est un hault Throsne, à jamais perdurable:
Le Sceptre aussi de ton Regne puissant,
C’est d’equité le Sceptre fleurissant.
Iniquité tu hays, aymant justice,
Pour ces raisons, Dieu, ton Seigneur propice,
Sur tes consors t’ayant le plus à gré,
D’huyle de joye odorant t’a sacré.
De tes habits les plys ne sentent qu’Ambre,
Et Musc, et Myrrhe, en allant de ta Chambre
Hors ton Palays d’yvoire, hault et fier,
Là où chascun te vient gratifier.
Avecq toy sont filles de Roys bien nées,
De tes presents moult precieux ornées,
Et la nouvelle Espouse à ton costé,
Qui d’or d’Ophir couronne sa beaulté.
Escoute fille en beaulté nonpareille,
Entends à moy, et me preste l’oreille:
Il te convient ton peuple familier,
Et la maison de ton pere oublier.
Car nostre Roy, nostre souverain Sire,
Moult ardamment ta grand’ beaulté desire
D’oresnavant ton Seigneur il sera,
Et de toy humble obeyssance aura.
Peuples de Tyr, peuples pleins de richesses,
D’honneur, et dons te feront grands largesses,
Ce ne sera de la Fille du Roy,
Soubz manteau d’or, sinon tout noble arroy.
D’habits brodés richement atournée,
Elle sera devers le Roy menée,
Avecq le train des Vierges, la suyvants,
Et de ses plus prochaines, la servants.
Pleines de joye, et d’ennuy exemptées,
Au Roy seront ensemble presentées:
Elles, et toy, en triumphe, et bonheur,
L’yrez trouver en son Palays d’honneur.
Ne plainds doncq point de laisser pere, et mere:
Car en lieu d’eulx, mariage prospere
Te produyra beaulx, et nobles enfants,
Que tu feras par tout Roys triumphants.
Quant est de moy, à ton Nom, et ta gloyre
Feray escriptz d’eternelle memoyre,
Et par lesquelz les gens, à l’advenir,
Sans fin vouldront te chanter, et benir.
XLVI.
Pseaulme Quarantesixiesme
Deus noster refugium, et virtus
Des qu’adversité nous offense,
Dieu nous est appuy, et deffense,
Au besoing l’avons esprouvé,
Et grand secours en luy trouvé:
Dont plus n’aurons crainte ne doubte,
Et deust trembler la terre toute,
Et les Montaignes abysmer
Au milieu de la haulte mer.
Voyre deussent les eaux profondes
Bruyre, escumer, enfler leurs undes,
Et par leur superbe pouvoir
Rochers, et Montaignes mouvoir.
Au temps de tourmente si fiere,
Les ruysseaux de nostre riviere
Resjouyront la grand’ cité,
Lieu tressainct de la deité.
Il est certain qu’au milieu d’elle
Dieu faict sa demeure eternelle,
Rien esbranler ne la pourra,
Car Dieu prompt secours luy donra.
Trouppes de gens sur nous coururent,
Meuz contre noz Royaulmes furent,
Du bruyt des voix tout l’air fendoit,
Et soubz eulx la terre fondoit.
Mais pour nous, en ces durs alarmes,
A esté le grand Dieu des armes.
Le Dieu de Jacob, c’est ung Fort
Pour nous, encontre tout effort.
Venez, contemplez en vous mesmes
Du Seigneur les actes supresmes,
Et ces lieux terrestres voyez,
Comment il les a nettoyés.
Il a estaint cruelle guerre,
Par tout, jusqu’aux fins de la terre,
Brisé Lances, rompu les Arcs,
Et par feu les Chariotz ards.
Cessez, dit il, et congnoissance
Ayez de ma haulte puissance,
Dieu suis, j’ay exaltation
Sur toute terre, et nation.
Conclusion, le Dieu des armes
Des nostres est en touts alarmes:
Le Dieu de Jacob, c’est ung Fort
Pour nous encontre tout effort.
XLVII.
– – –
XLVIII.
– – –
XLIX.
– – –
L.
Pseaulme Cinquantiesme
Deus deorum dominus locutus est
Le Dieu, le fort, l’Eternel parlera,
Et hault, et clair la terre appellera,
De l’Orient jusques à l’Occident.
Devers Syon Dieu clair, et evident
Apparoistra, orné de beaulté toute:
Nostre grand Dieu viendra, n’en faictes doubte,
Ayant ung feu devorant devant luy,
D’ung vehement tourbillon circuy.
Lors huchera et terre, et ciel luysant,
Pour juger là tout son peuple, en disant:
Assemblez moy mes sainctz, qui par fiance
Sacrifiants ont prins mon alliance,
(Et vous les cieulx, direz en tout endroit
Son jugement, car Dieu est Juge droit)
Entends mon peuple, et à toy parleray,
Ton Dieu je suis, rien ne te celeray:
Par moy reprins ne seras des offrandes
Qu’en sacrifice ay voulu que me rendes,
Je n’ay besoing prendre en nulle saison
Bouc de tes parcs, ne Boeuf de ta maison:
Touts animaulx des boys sont de mes biens,
Mille trouppeaulx en mille monts sont miens,
Miens je congnoys les Oyseaulx des montaignes,
Et Seigneur suis du bestail des campaignes:
Si j’avoys faim, je ne t’en diroys rien,
Car à moy est le monde, et tout son bien.
Suis je mangeur de chair de gros Taureaux?
Ou boy je le sang de Boucz, ou de Chevreaux?
A l’Eternel louange sacrifie,
Au Souverain rends tes voeux, et t’y fie:
Invocque moy, quand oppressé seras,
Lors t’aideray, puis honneur m’en feras.
Aussi dira l’Eternel au meschant,
Pourquoy va tu mes editz tant preschant,
Et prens ma Loy en ta bouche maline,
Veu que tu as en hayne discipline,
Et que mes dictz jectes, et ne reçoys?
Si ung larron d’adventure apperçoys,
Avecq luy cours: car aultant que luy vaux,
T’accompaignant de paillards, et ribaux:
Ta bouche metz à mal, et mesdisances,
Ta langue brasse et fraudes, et nuisances,
Causant assis pour ton prochain blasmer,
Et pour ton frere, ou cousin diffamer:
Tu fays ces maulx, et ce pendant que riens
Je ne t’en dy, tu m’estimes, et tiens
Semblable à toy: mais, quoy que tard le face,
T’en reprendray quelcque jour à ta face.
Or entendez cela, je vous supply,
Vous, qui mectez l’Eternel en oubly,
Que sans secours ne soyez tous deffaictz.
Sacrifiant louange, honneur me fays,
Dit le Seigneur, et qui tient ceste voye,
Doubter ne fault que mon salut ne voye.
LI.
Pseaulme Cinquante et uniesme
Miserere mei Deus, secundum magnam misericordiam tuam.
Misericorde au paovre vicieux,
Dieu tout puissant, selon ta grand’ clemence.
Use à ce coup de ta bonté immense,
Pour effacer mon faict pernicieux.
Lave moy, Sire, et relave bien fort,
De ma commise iniquité maulvaise:
Et du peché, qui m’a rendu si ord,
Me nettoyer d’eaue de grâce te plaise.
Car de regret mon cueur vyt en esmoy,
Congnoissant, las, ma grand’ faulte presente:
Et qui pis est, mon peché se presente
Incessamment noyr, et laid devant moy.
En ta presence à toy seul j’ay forfaict:
Si qu’en donnant arrest pour me deffaire,
Jugé seras avoir justement faict,
Et vaincras ceulx qui diront du contraire.
Helas je sçay, et si l’ay tousjours sceu,
Qu’iniquité print avec moy naissance:
J’ay d’aultre part certaine congnoissance
Qu’avec peché ma mere m’a conceu.
Je sçay aussi que tu aymes de faict
Vraye equité dedans la conscience:
Ce que n’ay heu, moy à qui tu a faict
Veoir les secretz de ta grand’ Sapience.
D’ysoppe doncq par toy purgé seray:
Lors me verray plus net que chose nulle.
Tu laveras ma trop noyre macule:
Lors en blancheur la neige passeray.
Tu me feras joye, et liesse ouyr,
Me revelant ma grâce enterinée:
Lors sentiray croistre, et se resjouyr
Mes os, ma force, et vertu declinée.
Tu as heu l’oeil assez sur mes forfaictz:
Destourne d’eulx ta courroucée Face:
Et te supply non seullement efface
Ce mien peché, mais touts ceulx que j’ay faictz.
O Createur, te plaise en moy créer
Ung cueur tout pur, une vie nouvelle
Et pour encor te pouvoir aggréer,
Le vray Esprit dedans moy renouvelle.
De ton regard je ne soys reculé:
Et te supply, pour finir mon martyre,
Ton sainct Esprit de mon cueur ne retire,
Quand tu l’auras en moy renouvellé.
Redonne moy la liesse, que prit
En ton salut mon cueur jadis infirme:
Et ne m’ostant ce libre, et franc Esprit,
En icelluy pour jamais me confirme.
Lors seullement ne suivray tes sentiers,
Mais les feray aux iniques apprendre:
Si que pecheurs à toy se viendront rendre,
Et se vouldront convertir vouluntiers.
O Dieu, ô Dieu de ma salvation,
Delivre moy de ce mien sanglant vice:
Et lors ma bouche en exultation
Chantera hault ta bonté, et justice.
Ha Seigneur Dieu, ouvre mes levres doncq,
Rien bon n’en sort, quand moymesme les ouvre:
Mais si ta main pour les ouvrir y ouvre,
J’annonceray tes louanges adoncq.
Si tu vouloys sacrifice mortel,
De Boucz, et Boeufz, et compte tu en feisses,
Je l’eusse offert: mais en Temple n’Autel,
Ne te sont point plaisants telz sacrifices.
Le sacrifice aggreable, et bien pris
De l’Eternel, c’est une âme dolente,
Ung cueur submys, une âme penitente,
Ceulx là, Seigneur, ne te sont à mespris.
Traicte Sion en ta benignité,
O Seigneur Dieu: et par tout fortifie
Jerusalem ta treshumble cité,
Ses murs aussi en brief temps edifie.
Adoncq auras de cueurs bien disposés
Oblations telles que tu demandes:
Adoncq les Boeufz, ainsi que tu commandes,
Sur ton Autel seront mys, et posés.
LII.
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LIII.
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LIV.
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LV.
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LVI.
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LVII.
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LVIII.
– – –
LIX.
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LX.
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LXI.
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LXII.
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LXIII.
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LXIV.
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LXV.
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LXVI.
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LXVII.
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LXVIII.
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LXIX.
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LXX.
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LXXI.
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