NB: Includes only the psalm poems of Clément Marot:
SOURCE I: Trente Pseaulmes de David (mis en francoys, [selon la verite Hebraicque,] par Clement Marot, valet de chambre du Roy)
[1st published in the winter of 1541/1542 by Estienne Roffet (Paris); includes Psalms I-XV, XIX, XXII, XXIV, XXXII, XXXVII-XXXVIII, LI, CIII-CIV, CXIII-CXV, CXXX, CXXXVII, CXLIII]
SOURCE II: Vingt Pseaulmes (nouvellement mis en Françoys, & envoyés au Roy, par Clement Marot)
[1st published (along with a reissued but unrevised version of Trente Pseaulmes de David) in the fall of 1543 by Estienne Roffet (Paris); includes Psalms XVIII, XXIII, XXV, XXXIII, XXXVI, XLIII, XLV-XLVI, L, LXXII, LXXIX, LXXXVI, XCI, CI, CVII, CX, CXVIII, CXXVIII, CXXXVIII and the “Nunc dimittis”]
I.
Pseaulme Premier, à deux versetz pour couplet à chanter
Beatus vir qui non abiit.
Qui au conseil des malings n’a esté,
Qui n’est au trac des pecheurs arresté,
Qui des mocqueurs au banc place n’a prise:
Mais nuict, et jour, la Loy contemple, et prise
De l’Eternel, et en est desireux:
Certainement cestuy là est heureux.
Et si sera semblable à l’arbrisseau
Planté au long d’ung clair courant ruisseau,
Et qui son fruict en sa saison apporte,
Duquel aussi la fueille ne chet morte:
Si qu’ung tel homme, et tout ce qu’il fera,
Tousjours heureux, et prospere sera.
Pas les pervers n’auront telles vertus:
Ainçoys seront semblables aux festus,
Et à la pouldre au gré du vent chassée.
Parquoy sera leur cause renversée
En jugement, et touts ces reprouvés
Au reng des bons ne seront point trouvés.
Car l’Eternel les justes congnoist bien,
Et est soingneux et d’eulx, et de leur bien:
Pourtant auront felicité, qui dure.
Et pour aultant qu’il n’a ne soing ne cure
Des mal vivants, le chemin qu’ilz tiendront,
Eulx, et leurs faicts, en ruyne viendront.
II.
Pseaulme Second, à deux coupletz differentz de chant, chascun couplet d’ung verset
Quare fremuerunt gentes.
Pourquoy font bruyt, et s’assemblent les gens?
Quelle follie à murmurer les meine?
Pourquoy sont tant les peuples diligens
A mectre sus une entreprise vaine?
Bandez se sont les grands Roys de la terre,
Et les Primats ont bien tant presumé
De conspirer, et vouloir faire guerre
Touts contre Dieu, et son Roy bien aymé:
Disants entre eulx desrompons, et brisons
Touts les lyens dont lyer nous pretendent:
Au loing de nous jectons, et mesprisons
Le joug, lequel mectre sur nous s’attendent.
Mais cestuy là, qui les haultz cieulx habite,
Ne s’en fera que rire de là hault.
Le Toutpuissant de leur façon despite
Se mocquera: car d’eulx il ne luy chault.
Lors s’il luy plaist, parler à eulx viendra
En son courroux (plus qu’aultre espouventable)
Et touts ensemble estonnés les rendra,
En sa faveur terrible, et redoubtable.
Roys, dira il, d’où vient ceste entreprinse?
De mon vray Roy j’ay faict election,
Je l’ay sacré, sa couronne il a prinse
Sur mon tres sainct, et hault [mont] de Sion.
Et je (qui suis le Roy, qui luy ay pleu)
Racompteray sa sentence donnée:
C’est qu’il m’a dict: Tu es mon Filz esleu,
Engendré t’ay ceste heureuse journée.
Demande moy, et pour ton heritage
Subjects à toy touts peuples je rendray:
Et ton Empire aura cest advantage,
Que jusqu’aux bords du monde l’estendray.
Verge de fer en ta main porteras,
Pour les dompter, et les tenir en serre,
Et s’il te plaist, menu les briseras,
Aussi aisé, comme ung vaisseau de terre.
Maintenant donc, ô vous et Roys, et Princes,
Plus entenduz, et sages devenez:
Juges aussi de terres, et provinces,
Instruction à ceste heure prenez.
Du Seigneur Dieu serviteurs rendez vous,
Craignez son ire, et luy vueillez complaire:
Et d’estre à luy vous resjouyssez touts,
Ayants tousjours crainte de luy desplaire.
Faictes hommaige au Filz, qu’il vous envoye,
Que courroucé ne soit amerement:
Affin aussi que de vie, et de voye,
Ne periss[i]ez trop malheureusement.
Car tout acoup son courroux rigoreux
S’embrasera, qu’on ne s’en donra garde.
O combien lors ceulx là seront heureux,
Qui se seront mys en sa saulvegarde!
III.
Pseaulme Troisieme à ung verset pour couplet à chanter
Domine, quid multiplicati sunt?
O Seigneur, que de gens
A nuyre diligens:
Qui me troublent, et grievent!
Mon Dieu, que d’ennemys,
Qui aux champs se sont mys,
Et contre moy s’eslevent!
Certes plusieurs j’en voy,
Qui vont disant de moy
Sa force est abolie:
Plus ne trouve en son Dieu
Secours en aulcun lieu:
Mais c’est à eulx follie.
Car tu es mon tres seur
Bouclier, et deffenseur,
Et ma gloire esprouvée:
C’est toy, à brief parler,
Qui fais que puis aller
Hault la test levée.
J’ay crié de ma voix
Au Seigneur maintesfoys,
Luy faisant ma complaincte:
Et ne m’a repoulsé,
Mais toujours exaulcé
De sa Montaigne saincte.
Dont coucher m’en iray,
En seurté dormiray,
Sans craincte de mesgarde:
Puis me resveilleray,
Et sans peur veilleray,
Ayant Dieu pour ma garde.
Cent mil’ hommes de front
Craindre ne me feront,
Encor qu’ilz l’entreprinssent,
Et que pour m’estonner,
Clorre, et environner,
De tous costés me vinssent.
Vien doncq’, declaire toy
Pour moy mon Dieu, mon Roy,
Qui de buffes renverses
Mes ennemys mordants,
Et qui leur romps les dents
En leurs bouches perverses.
C’est de toy Dieu treshault,
De qui attendre fault
Vray secours, et deffense:
Car sur ton peuple estends
Tousjours en lieu, et temps,
Ta grand’ beneficence.
IV.
Pseaulme Quatriesme à ung verset pour couplet à chanter
Cum invocarem, exaudivit me.
Quand je t’invocque, helas escoute,
O Dieu de ma cause, et raison,
Mon cueur serré, au large boute,
De ta pitié ne me reboute,
Mais exaulce mon oraison.
Jusques à quand gens inhumaines,
Ma gloire abbatre tascherez?
Jusques à quand emprinses vaines,
Sans fruict, et d’abusion pleines
Aymerez vous, et chercherez?
Sachez, puis qu’il le convient dire,
Que Dieu pour son Roy gracieux
Entre touts m’a voulu eslire:
Et si à luy crie, et souspire,
Il m’entendra de ses haults cieulx.
Tremblez doncques de telle chose,
Sans plus contre son vueil pecher:
Pensez en vous ce que propose,
Dessus voz licts, en chambre close,
Et cessez de plus me fascher.
Puis offrez juste sacrifice,
De cueur contrict, bien humblement,
Pour repentance d’ung tel vice:
Mectant au Seigneur Dieu propice
Voz fiancés entierement.
Plusieurs gens disent, qui sera ce,
Qui nous fera veoir force biens?
O Seigneur, par ta saincte grâce,
Vueilles la clarté de ta face
Eslever sur moy, et les miens.
Car plus de joye m’est donnée
Par ce moyen (ô Dieu tres hault)
Que n’ont ceulx qui ont grand’ année
De froument, et bonne vinée,
D’huyles, et tout ce qu’il leur fault.
Si qu’en paix, et en seurté bonne
Coucheray, et reposeray.
Car Seigneur, ta bonté l’ordonne:
Et elle seulle espoir me donne,
Que seur, et seul regnant seray.
V.
Pseaulme Cinquiesme à ung verset pour couplet à chanter
Verba mea auribus percipe.
Aux parolles que je veulx dire,
Plaise toy l’oreille prester,
Et à congnoistre t’arrester
Pourquoy mon cueur pense, et souspire,
Souverain Sire.
Entends à la voix tres ardante
De ma clameur mon Dieu, mon Roy,
Veu que tant seullement à toy
Ma supplication presente
J’offre, et presente.
Matin devant que jour il face,
S’il te plaist, tu m’exaulceras:
Car bien matin prié seras
De moy, levant au ciel la face,
Attendant grâce.
Tu es le vray Dieu, qui meschance
N’aymes point, ne malignité:
Et avec qui (en verité)
Malfaicteurs n’auront accointance,
Ne demourance.
Jamais le fol, et temeraire
N’ose apparoir devant tes yeulx:
Car tousjours te sont odieux
Ceulx, qui prennent plaisir à faire
Maulvais affaire.
Ta fureur pert, et extermine
Finablement touts les menteurs.
Quant aux meurtriers, et decepteurs,
Celluy qui terre, et ciel domine
Les abomine.
Mais moy, en la grand’ bonté mainte,
Laquelle m’as faict savourer,
Iray encores t’adorer
En ton Temple, en ta maison saincte,
Dessoubs ta crainte.
Mon Dieu, guide moy, et convoye
Par ta bonté, que ne soys mys
Soubs la main de mes ennemys:
Et dresse devant moy ta voye,
Que ne forvoye.
Leur bouche rien de vray n’ameine,
Leur cueur est feint, faulx, et couvert,
Leur gosier ung sepulchre ouvert:
De flatterie faulse, et vaine
Leur langue est pleine.
O Dieu, monstre leur qu’ilz mesprennent:
Ce qu’ilz pensent faire deffaicts:
Chasse les, pour leurs grands meffaicts:
Car c’est contre toy qu’ilz se prennent,
Tant entreprennent!
Et que touts ceulx se resjouyssent,
Qui en toy ont espoir, et foy:
Joye auront sans fin dessoubs toy,
Avec ceulx qui ton Nom cherissent,
Et te beneissent.
Car de bien faire tu es large
A l’homme juste, ô vray Saulveur,
Et le couvres de ta faveur,
Tout ainsi comme d’une targe
Espesse, et large.
VI.
Pseaulme Sixiesme, à ung verset pour couplet à chanter
Domine, ne in furore tuo arguas me.
Ne vueilles pas, ô Sire,
Me reprendre en ton ire,
Moy, qui t’ay irrité:
N’en ta fureur terrible
Me punir de l’horrible
Tourment, qu’ay merité.
Ains, Seigneur, vien estendre
Sur moy ta pitié tendre,
Car malade me sens.
Santé doncques me donne:
Car mon grand mal estonne
Touts mes os, et mes sens.
Et mon Esprit se trouble
Grandement, et au double,
En extreme soucy.
O Seigneur plein de grâce,
Jusques à quand sera ce,
Que me lairras ainsi?
Helas, Sire, retourne:
D’entour de moy destourne
Ce merveilleux esmoy.
Certes grande est ma faulte,
Mais, par ta bonté haulte,
De mourir garde moy.
Car en la mort cruelle
Il n’est de toy nouvelle,
Memoire, ne renom.
Qui penses tu, qui die,
Qui loue,et psalmodie
En la fosse ton Nom?
Toute nuict tant travaille,
Que lict, chalit, et paille,
En pleurs je fays noyer:
Et en eau’ goutte à goutte
S’en va ma couche toute,
Par si fort larmoyer.
Mon oeil pleurant sans cesse
De despit, et destresse,
En ung grand trouble est mys:
Il est envieilly d’ire,
De veoir entour moy rire
Mes plus grands ennemys.
Sus, sus, arriere iniques,
Deslogez tyranniques,
De moy touts à la foys:
Car le Dieu debonnaire
De ma plaincte ordinaire
A bien ouy la voix.
Le Seigneur en arriere
N’a point mys ma priere,
Exaulcé m’a des cieulx:
Receu a ma demande
Et ce que luy demande
Accordé m’a, et mieulx.
Doncques honteux deviennent
Et pour vaincuz se tiennent
Mes adversaires touts.
Que chascun d’eulx s’eslongne
Subit, en grand’ vergongne,
Puis que Dieu m’est si doulx.
VII.
Pseaulme Septiesme à ung verset pour couplet à chanter
Domine Deus meus in te speravi.
Mon Dieu, j’ay en toy esperance:
Donne moy donc saulve asseurance
De tant d’ennemys inhumains,
Et fays, que ne tombe en leurs mains:
Affin que leur chef ne me gripe,
Et ne me desrompe, et dissipe,
Ainsi qu’ung Lyon devorant,
Sans que nul me soit secourant.
Mon Dieu, sur qui je me repose,
Si j’ay commys ce qu’il propose,
Si de luy faire ay projecté,
De ma main, tour de lascheté:
Si mal pour mal j’ay voulu faire
A cest ingrat, mais au contraire,
Si faict ne luy ay tour d’Amy,
Quoy qu’à tort me soit ennemy:
Je veulx, qu’il me poursuyve en guerre,
Qu’il m’attaigne, et rue par terre,
Soit de ma vye ruyneur,
Et mecte à neant mon honneur.
Leve toy donc, leve toy Sire
Sur mes ennemys en ton ire,
Veille pour moy, que je soys mys
Au droit, lequel tu m’a promys.
A grands trouppeaulx le peuple vienne
Autour de la Majesté tienne:
Soys pour la cause de nous deux
Hault eslevé au milieu d’eulx.
Là des peuples Dieu sera Juge.
Et alors, mon Dieu, mon refuge,
Juge moy en mon equité,
Et selon mon integrité.
La malice aux malings consomme
Et soustien le droict, et juste homme,
Toy juste Dieu, qui jusqu’au fons
Sondes les cueurs maulvais, et bons.
C’est Dieu, qui est mon asseurance,
Et mon pavoys: j’ay esperance
En luy, qui garde, et faict vainqueur
Ung chascun, qui est droict de cueur.
Dieu est le Juge veritable
De celluy qui est equitable,
Et de celluy, semblablement,
Qui l’irrite journellement.
Si celluy, qui tasche à me nuire
Ne se veult changer, et reduire,
Dieu viendra son glaive aguiser,
Et bander son arc, pour viser.
Desjà le grand Dieu des alarmes
Luy prepare mortelles armes:
Il faict dards propres, et servants
A poursuivre mes poursuivants.
Et l’aultre engendre chose vaine,
Ne conçoit que travail, et peine,
Pour enfanter (quoy qu’il en soit)
Le rebours de ce, qu’il pensoit.
A caver une grande fosse
Il met solicitude grosse:
Mais en la fosse qu’il fera
Luy mesmes il tresbuchera.
Le mal, qu’il me forge, et appreste
Retournera dessus sa teste:
Brief, je voy le mal qu’il commet
Luy descendre sur le sommet.
Dont louange au Seigneur je donne,
Pour sa Justice droicte, et bonne:
Et tant que terre hanteray,
Le nom du Treshault chanteray.
VIII.
Pseaulme Huictiesme à ung verset pour couplet à chanter
Domine, Dominus noster, quam.
O Nostre Dieu, et Seigneur amyable
Combien ton Nom est grand, et admirable,
Par tout ce val terrestre spacieux,
Qui ta puissance esleve sur les cieulx!
En tout se voit ta grand vertu parfaicte,
Jusqu’à la bouche aux enfants, qu’on allaicte,
Et rendz par là confuz, et abbatu
Tout ennemy, qui nie ta vertu.
Mais quand je voy, et contemple en courage
Tes cieulx, qui sont de tes doigts hault ouvrage,
Estoilles, Lune, et signes differents,
Que tu as faictz, et assis en leurs rengs.
Adonc je dy apart moy (ainsi comme
Tout esbahy) et qu’est ce que de l’homme?
D’avoir daigné de luy te souvenir,
Et de vouloir en ton soing le tenir?
Tu l’as faict tel, que plus il ne luy reste,
Fors estre Dieu: car tu l’as, quant au reste,
Abondamment de gloire environné,
Remply de biens, et d’honneur couronné.
Regner le fays sur les oeuvres tant belles
De tes deux mains, comme Seigneur d’icelles.
Tu as de vray, sans quelque exception,
My soubs ses piedz tout en subjection:
Brebis, et Boeufz, et leur peaulx, et leurs laines,
Touts les trouppeaulx des haultz montz, et des plaines,
En general, toutes bestes cerchants
A pasturer, par les boys, et les champs:
Oyseaulx de l’air, qui vollent, et qui chantent,
Poissons de mer, ceulx qui nagent, et hantent
Par les sentiers de mer, grands, et petits,
Tu les as touts à l’homme assubjectis.
O Nostre Dieu, et Seigneur amyable,
Comme à bon droict est grand, et admirable,
L’excellent bruyt de ton Nom precieux,
Par tout ce val terrestre spacieux!
IX.
Pseaulme Neufviesme à ung verset pour couplet à chanter
Confitebor tibi Domine in toto corde meo.
De tout mon cueur t’exalteray
Seigneur, et si racompteray
Toutes tes oeuvres nonpareilles,
Qui sont dignes de grands merveilles.
En toy je me veulx resjouyr,
D’aultre soulas ne veulx jouyr:
O Treshault, je veulx en cantique
Celebrer ton Nom autentique:
Pource que par ta grand’ vertu
Mon ennemy s’enfuyt battu,
Desconfit de corps, et courage,
Au seul regard de ton visage.
Car tu m’a esté si humain,
Que tu as prins ma cause en main,
Et t’es assis, pour mon refuse,
En chaire, comme juste Juge.
Tu as deffaict mes ennemys,
Le meschant en ruyne mys:
Pour tout jamais leur renommée
Tu as estainte, et consumée.
Or çà, ennemy cault, et fin,
As tu mys ton emprinse à fin?
As tu razé noz cités belles?
Leur nom est il mort avec elles?
Non, non: le Dieu, qui est là hault,
En regne, qui jamais ne fault,
Son Throsne a dressé tout propice
Pour faire raison, et justice.
Là jugera il justement
La terre ronde entierement,
Pesant les causes en droicture
De toute humaine creature.
Et Dieu la retraicte sera
Du paovre, qu’on pourchassera,
Voire sa retraicte opportune,
Au plus dur temps de sa fortune.
Dont ceulx, qui ton Nom congnoistront,
Leur asseurance en toy mectront:
Car Seigneur, qui à toy s’addonne,
Ta bonté point ne l’abandonne.
Chantez en exultation
Au Dieu, qui habite en Sion:
Noncez à gens de toutes guises
Ses oeuvres grandes, et exquises.
Car du sang des justes s’enquiert,
Luy en souvient, et le requiert:
Jamais la clameur il n’oublie
De l’affligé, qui le supplie.
Seigneur Dieu, ce disoys je en moy,
Voy par pitié, que j’ay d’esmoy
Par mes ennemys remplys d’ire,
Et du pas de mort me retire:
Affin qu’au milieu de l’enclos
De Sion, j’annonce ton los:
En demenant resjouyssance,
D’estre recoux par ta puissance.
Incontinent les malheureux,
Sont cheutz au piege faict par eulx:
Leur pied mesme s’est venu prendre
Au filé, qu’ilz ont osé tendre.
Ainsi est congneu l’immortel,
D’avoir faict ung jugement tel,
Que l’inique a senty l’oultrage,
Et le mal de son propre ouvrage.
Croyez, que tousjours les meschants
S’en iront à bas tresbuchants,
Et toutes ces gens insensées
Qui n’ont point Dieu en leurs pensées.
Mais l’homme paovre humilié
Ne sera jamais oublié:
Jamais de l’humble estant en peine,
L’esperance ne sera vaine.
Vien Seigneur, monstre ton effort,
Que l’homme ne soit le plus fort:
Ton pouvoir les gens venir face
En jugement devant ta face.
Seigneur Dieu, qui immortel es,
Tressaillir de crainte fay les:
Donne leur à congnoistre, comme
Nully d’entre eulx n’est rien, fors qu’homme.
X.
Pseaulme Dixiesme à deux versetz pour couplet à chanter
Domine ut quid recessisti longe.
Dont vient cela, Seigneur, je te supply,
Que loing de nous te tiens, les yeulx couverts?
Te caches tu, pour nous mectre en oubly?
Mesmes au temps, qui est dur, et divers?
Par leur orgueil sont ardants les pervers
A tourmenter l’humble, qui peu se prise:
Fais que sur eulx tombe leur entreprise.
Car le maling se vante, et se faict seur,
Qu’en ses desirs n’aura aulcun deffault:
Ne prisant rien que l’avare amasseur,
Et mesprisant l’Eternel de là hault.
Tant est il fier, que de Dieu ne luy chault:
Mais tout cela, qu’il pense en sa memoyre,
C’est Dieu n’est point, et si ne le veult croyre.
Tout ce qu’il fait tend à mal sans cesser,
De sa pensée est loing ton jugement:
Tant est enflé, qu’il cuyde renverser
Ses ennemys, à souffler seullement.
En son cueur dit: D’esbranler nullement
Garde je n’ay: car je sçay qu’en nul eage
Ne peult tomber sur moy aulcun dommage.
D’ung parler feint, plein de deception,
Le faulx parjure est tousjours embouché:
Dessoubs sa langue avec oppression,
Desir de nuyre est tousjours embusché.
Semble au brigand, qui sur les champs caché,
L’innocent tue en caverne secrette,
Et qui de l’oeil paovres passants aguette.
Aussi l’inique use du tour secret
Du Lyon cault en sa taniere, helas,
Pour attraper l’homme simple, et paovret,
Et l’engloutir, quand l’a prins en ses laqs.
Il faict le doulx, le marmiteux, le las:
Mais soubs cela, par sa force perverse,
Grand’ quantité de paovres gens renverse.
Et dit encor, en son cueur vicieux,
Que Dieu ne veult la souvenance avoir
De tout cela: et qu’il couvre ses yeulx,
A celle fin de jamais n’en rien veoir.
Leve toy doncq, Seigneur, pour y pourveoir:
Haulse ta main dessus, je te supplie,
Et ceulx qui sont persecutés n’oublie.
Pourquoy irrite, et contemne en ses faicts
L’homme meschant le Dieu doulx, et humain?
En son cueur dit qu’enqueste tu n’en fais:
Mais tu vois bien son meffaict inhumain,
Et voyant tout prends les causes en main.
Voylà pourquoy s’appuye le debile
Sur toy, qui es le support du pupille.
Brise la force, et le bras plein d’exces
Du malfaicteur inique, et reprouvé:
Fais de ses maulx l’enqueste, et le proces,
Plus n’en sera par toy ung seul trouvé.
Lors à jamais, Roy de touts approuvé,
Regnera Dieu: et de sa terre saincte
Sera la race aux iniques estaincte.
O Seigneur doncq, s’il te plaist tu oyrras
Ton paovre peuple, en ceste aspre saison:
Et bon courage, et espoir luy donras,
Prestant l’oreille à son humble oraison:
Qui est de faire aux plus petits raison,
Droict aux foullés: si que l’homme de terre
Ne vienne plus leur faire peur ne guerre.
XI.
Pseaulme Unziesme, à deux coupletz, différents de chant, chascun couplet d’ung verset
In Domino confido.
Veu que du tout en Dieu mon cueur s’appuye,
Je m’esbahy, comment de vostre mont,
Plustost qu’oyseau dictes que je m’enfuye.
Vray est que l’arc les malings tendu m’ont,
Et sur la corde ont assis leurs sagettes,
Pour contre ceulx, qui de cueur justes sont,
Les descocher, jusques en leurs cachettes.
Mais on verra bien tost à neant mise
L’intention de telz malicieux,
Quel’ faulte aussi a le juste commise?
Sachez que Dieu a son Palays aux cieulx:
Dessus son Throsne est l’Eternel Monarque:
Là hault assis, il voyt tout de ses yeulx,
Et son regard les humains note, et marque.
Tout il espreuve, et le juste il approuve:
Mais son cueur hayt, qui ayme extorsion,
Et l’homme en qui violence se trouve.
Pleuvoir fera feu de punition
Sur les malings, soulphre chaud, flamme ardente,
Vent fouldroyant: voylà la portion
De leur brevage, et leur paye evidente.
Car il est juste, et pource ayme justice:
Tournant tousjours par doulce affection
Vers l’homme droict son oeil doulx, et propice.
XII.
Pseaulme Douziesme à ung verset pour couplet à chanter
Salvum me fac Domine.
Donne secours, Seigneur, il en est heure,
Car d’hommes droictz sommes touts desnués:
Entre les filz des hommes, ne demeure
Ung qui ayt foy, tant sont diminués.
Certes chascun, vanité, menteries,
A son prochain dit ordinairement:
Aux levres n’a l’homme, que flatteries,
Et disant l’ung, son cueur parle aultrement.
Dieu vueille doncq ces levres blandissantes
Tout à travers, pour jamais, inciser:
Pareillement ces langues arrogantes,
Qui bravement ne font que deviser.
Qui mesmement entre eulx ce propos tiennent:
Nous serons grands par noz langues su touts,
A nous, de droict, noz levres appartiennent,
Flattons, mentons: qui est maistre sur nous?
Pour l’affligé, pour les petits, qui crient,
Dit le Seigneur, ores me leveray:
Loing les mectray des langues, qui varient,
Et de leurs laqs chascun d’eulx saulveray.
Certes de Dieu la parolle se treuve
Parolle nette, et trespure est sa voix:
Ce n’est qu’argent affiné à l’espreuve,
Argent au feu espuré par sept foys.
Toy doncq, Seigneur, ta promesse, et tes hommes,
Garde, et maintiens par ta gratuité:
Et de ces gens dont tant molestés sommes,
Delivre nous à perpetuité.
Car les malings à grands trouppes cheminent
Deçà, delà, tout est plein d’inhumains,
Lors que d’iceulx les plus meschants dominent,
Et qu’eslevés sont entre les humains.
XIII.
Pseaulme Treiziesme à ung verset pour couplet à chanter
Usquequo Domine oblivisceris.
Jusques à quand as estably,
Seigneur, de me mectre en oubly?
Est ce à jamais? pour combien d’eage
Destourneras tu ton visage
De moy, las, d’angoisse remply?
Jusques à quand sera mon cueur
Veillant, conseillant, praticqueur,
Et plein de soucy ordinaire?
Jusques à quand mon adversaire
Sera il dessus moy vainqueur?
Regarde moy, mon Dieu puissant,
Responds à mon cueur gemissant,
Et mes yeulx troublés illumine:
Que mortel dormir ne domine
Dessus moy quasi perissant.
Que celluy, qui guerre me faict
Ne dye point, je l’ay deffaict:
Et que touts ceulx, qui tant me troublent,
Le plaisir qu’ilz ont ne redoublent,
Par me veoir tresbucher de faict.
En toy gist tout l’espoir de moy.
Par ton secours fais que l’esmoy
De mon cueur en plaisir se change.
Lors à Dieu chanteray louange:
Car de chanter j’auray de quoy.
XIV.
Pseaulme quatorziesme à ung verset pour couplet à chanter
Dixit insipiens in corde suo.
Le fol maling en son cueur dict, et croyt,
Que Dieu n’est point: et corrompt, et renverse
Ses meurs, sa vie, horribles faicts exerce:
Pas ung tout seul ne faict rien bon ne droict,
Ny ne vouldroit.
Dieu du hault ciel a regardé icy
Sur les humains, avecques diligence,
S’il en verroit quelcun d’intelligence,
Qui d’invocquer la divine mercy
Fust en soucy.
Mais tout bien veu a trouvé que chascun
A forvoyé, tenant chemins dammables
Ensemble touts sont faicts abominables:
Et n’est celluy, qui face bien aulcun,
Non jusqu’à ung.
N’ont ilz nul sens, touts ces pernicieux,
Qui font tout mal, et jamais ne se changent?
Qui comme pain mon paovre peuple mangent,
Et d’invocquer ne sont point soucieux
Le Dieu des cieulx?
Certainement [tant] esbahys seront,
Que sur le champ ilz trembleront de craincte:
Car l’Eternel, par sa faveur tressaincte,
Tiendra pour ceulx qui droicts se trouveront,
Et l’aymeront.
Ha malheureux, vous vous estudiez
A vous mocquer de l’intention bonne,
Que l’immortel au paovre affligé donne,
Pource qu’ilz sont sur luy touts appuyés,
Et en riez.
O qui, et quand de Syon sortira
Pour Israel secours en sa souffrance?
Quand Dieu mectra son peuple à delivrance,
De joye adoncq Israel jouyra,
Jacob rira.
XV.
Pseaulme Quinziesme à ung verset pour couplet à chanter
Domine, quis habitabit.
Qui est ce qui conversera,
O Seigneur, en ton Tabernacle?
Et qui est celluy qui sera
Si heureux, que par grâce aura
Sur ton sainct Mont seur habitacle?
Ce sera celluy droictement
Qui va rondement en besongne:
Qui ne faict rien que justement,
Et dont la bouche appertement
Verité en son cueur tesmoigne:
Qui par sa langue point ne faict
Rapport, qui loz d’aultruy efface:
Qui à son prochain ne meffaict:
Qui aussi ne souffre de faict,
Qu’opprobre à son voysin on face:
Ce sera l’homme contemnant
Les vicieux: aussi qui prise
Ceulx, qui craignent le Dieu regnant:
Ce sera l’homme bien tenant
(Fust ce à son dam) la foy promise:
Qui à usure n’entendra:
Et qui si bien justice exerce,
Qui le droict d’aultruy ne vendra:
Que le charier ainsi vouldra,
Craindre ne fault, que jamais verse.
XVI.
– – –
XVII.
– – –
XVIII.
Pseaulme Dixhuictiesme
Diligam te Domine.
Je t’aymeray en toute obeyssance,
Tant que vivray, ô mon Dieu, ma puissance.
Dieu, c’est mon roc, mon rempar hault, et seur,
C’est ma rençon, c’est mon fort deffenseur,
En luy seul gist ma fiance parfaicte,
C’est mon pavoys, mes armes, ma retraicte:
Quand je l’exalte, et prie en ferme foy,
Soubdain recoux des ennemys me voy.
Dangers de mort ung jour m’environnarent,
Et grands torrents de malings m’estonnarent.
J’estoys bien pres du sepulchre venu,
Et des filés de la Mort prevenu:
Ainsi pressé, soubdain j’invocque, et prie
Le Toutpuissant, hault à mon Dieu je crie:
Mon cry au ciel jusqu’à luy penetra,
Si que ma voix en son oreille entra.
Incontinent tremblarent les Campaignes:
Les fondements des plus haultes Montaignes
Touts esbranlés, s’esmeurent grandement:
Car il estoit courroucé ardamment.
En ses naseaulx luy monta la fumée,
Feu aspre yssoit de sa bouche allumée,
Si enflambé en son couraige estoit,
Qu’ardants charbons de toutes pars jectoit.
Baissa le Ciel, de descendre print cure,
Ayant soubz piedz une brouée obscure:
Monté estoit sur ung Esprit mouvent,
Volloit guindé sur les aeles du vent,
Et se cachoit dedans les noires Nues,
Pour Tabernacle autour de luy tendues.
En fin rendit, par sa grande clarté,
Ce gros amas de Nues escarté,
Gresles jectant, et charbons vifz en terre,
Au ciel menoit l’Eternel grand tonnerre,
L’Altitonant sa voix grosse hors mist,
Et gresle, et feu sur la terre transmist:
Lança ses Dards, rompit toutes leurs bandes,
Doubla l’esclair, leur donna frayeurs grandes.
A ta menace, et du fort vent poulsé
Par toy, Seigneur, en ce poinct courroucé,
Furent canaulx desnués de leur unde,
Et descouvertz les fondements du Monde.
Sa main d’enhault icy bas me tendit,
Et hors des eaux sain, et sauf me rendit:
Me recourut des puissants, et haulsaires
(Et plus que moy renforcés) adversaires.
A mes dangers, il preveut, et prevint:
Quand il fut temps secours de Dieu me vint,
Me mist au large, et si feit entreprise
De me garder, car il me favorise.
Or m’a rendu selon mon equité,
Et de mes mains selon la purité,
Car du Seigneur j’avoys suivy la voye,
Ne revolté mon cueur de luy n’avoye:
Ains tousjours heu devant l’oeil touts ses ditz,
Sans rejecter ung seul de ses editz.
Si qu’envers luy entier en tout affaire
Me suis monstré, me gardant de mal faire.
Or m’a rendu selon mon equité,
Et de mes mains selon la purité.
Certes, Seigneur, qui sçais telles mes oeuvres,
Au bon tresbon, pur au pur, te descoeuvres:
Tu es entier, à qui entier sera,
Et defaillant, à qui failly aura.
Les humbles vivre en ta garde tu laisses,
Et les sourcilz des braves tu rabaisses,
Aussi mon Dieu, ma Lanterne allumas,
Et esclairé en tenebres tu m’as,
Par toy donnay à travers la bataille,
Mon Dieu devant, je saultay la muraille.
C’est l’Eternel, qui entier est trouvé,
Son parler est, comme au feu, esprouvé,
C’est ung bouclier de forte resistance
Pour touts ceulx là, qui ont en luy fiance.
Mais qui est Dieu, sinon le supernel?
Ou qui est fort, si ce n’est l’Eternel?
De hardiesse, et force il m’environne,
Et seure voye à mes emprises donne:
Mes piedz à ceulx des Chevreulz faict esgaulx,
Pour monter lieux difficiles, et haultz:
Ma main par luy aux armes est apprise,
Si que du bras ung Arc d’acier je brise.
De ton secours l’escu m’a apporté,
Et m’a ta dextre au besoing supporté,
Ta grand’ bonté, où mon espoir mectoye,
M’a faict plus grand encor’ que je n’estoye:
Preparer vins mon chemin soubz mes pas,
Dont mes talons glissants ne furent pas:
Car ennemys sceu poursuyvre, et attaindre,
Et ne revins sans du tout les estaindre:
Durer n’on peu, tant bien les ay secoux,
Ains à mes piedz tresbucharent de coups:
Circuy m’as de belliqueuse force,
Ployant soubz moy, qui m’envahir s’efforce,
Tu me monstras le doz des ennemys,
Et mes hayneux j’ay en ruine mys:
Ilz ont crié, n’ont heu secours quelconques,
Mesmes à Dieu, et ne les ouyt oncques,
Comme la pouldre au vent les ay rendus,
Et comme fange en la place estendus.
Delivré m’as du mutin populaire,
Et t’a pleu chef des nations me faire,
Voyre le peuple, à moy peuple incongnu,
Soubz mon renom obeir m’est venu:
Maintz estrangers par servile contraincte
M’ont faict honneur d’obeyssance faincte,
Maintz estrangers redoubtants mes effortz,
Espouventés, ont tremblé en leurs fortz.
Vive mon Dieu, à mon saulveur soit gloyre,
Exalté soit le Dieu de ma victoyre,
Qui m’a donné pouvoir de me venger,
Et qui soubz moy les peuples faict renger:
Me garentit qu’ennemys ne me grevent,
M’esleve hault sur touts ceulx qui s’eslevent
Encontre moy, me delivrant à plain
De l’homme ayant le cueur d’oultrage plein.
Pourtant, mon Dieu, parmy les gens estranges
Te beneiray, en chantant tes louanges:
Ce Dieu, je dy, qui magnificquement
Saulva son Roy, et qui unicquement
David, son oingt, traicte en grande clemence:
Traictant, de mesme, à jamais sa semence.
XIX.
Pseaulme Dixneufviesme à ung verset pour couplet à chanter
Coeli enarrant gloriam Dei.
Les cieulx, en chascun lieu;
La puissance de Dieu
Racomptent aux humains:
Ce grand entour espars
Nonce de toutes pars
L’ouvrage de ses mains.
Jour apres jour coulant
Du Seigneur va parlant
Par longue experience:
La nuict, suyvant la nuict,
Nous presche, et nous instruict
De sa grand’sapience.
Et n’y a nation,
Langue, prolation,
Tant soit d’estranges lieux,
Qui n’oyt bien le son,
La maniere, et façon
Du langage des cieulx.
Leur tour par tout s’estend,
Et leur propos s’entend
Jusques au bout du monde:
Dieux en eulx a posé
Palays bien composé
Au Soleil clair, et munde.
Dont il sort ainsi beau
Comme ung espoux nouveau
De son paré pourpris:
Semble ung grand prince à veoir,
S’esgayant pout avoir
D’une course le pris.
D’ung bout des cieulx il part,
Et attaint l’aultre part
En ung jour, tant est viste:
Oultre plus, n’y a rien
En ce val terrien
Qui sa chaleur evite.
La tresentiere Loy
De Dieu souverain Roy,
Vient l’âme restaurant:
Son tesmoignage seur,
Sapience en doulceur
Monstre à l’humble ignorant.
D’icelluy Roy des Roys
Les mandements sont droicts,
Et joye au cueur assignent:
Les Commandements sainctz
De Dieu sont purs, et sains,
Et les yeulx illuminent.
L’obeissance à luy
Est ung tressainct appuy
A perpetuité:
Dieu ne faict jugement,
Qui veritablement
Ne soit plein d’equité.
Ces choses sont encor
Plus desirables qu’or,
Fust ce fin or de touche:
Et en ung cueur sans fiel,
Sont plus doulces que miel,
Ne pain de miel en bouche.
Qui servir te vouldra,
Par ces poinctz apprendra
A ne se forvoyer:
Et en les observant,
En aura le servant
Grand, et riche loyer.
Mais où se trouvera
Qui ses faultes sçaura
Nombrer, penser, ne dire?
Las de tant de pechés,
Qui me sont touts cachés,
Purge moy, trescher Sire:
Aussi des grands forfaictz
Temerairement faictz,
Soit ton serf relasché,
Qu’ilz ne regnent en moy:
Si seray hors d’esmoy,
Et net de grand peché.
Ma bouche prononcer,
Ne mon cueur rien penser
Ne puisse, qui ne plaise
A toy, mon deffendeur,
Saulveur, et amendeur
De ma vie maulvaise.
XX.
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XXI.
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